On le devine à peine. Dans la vallée de la Roche, près du Cuguen, en Ille-et-Vilaine, se trouve un site mystérieux. Caché sous la végétation d'arbres encore bien feuillis en cette fin d'été, les ruines du château de la Roche-Montbourcher se dévoilent peu à peu lors de votre approche. Deux tours en granit attestent l'existence d'un château de plusieurs centaines d'années.
Ces tours, quelques privilégiés vont les découvrir ce dimanche 18 septembre 2022 dans le cadre des Journées européennes du patrimoine. Le restant de l'année, le site est interdit car dangereux. Pour Ouest-France, Éric Arribard, président de l’association des Amis du château de la Roche-Montbourcher, a accepté de nous dévoiler ce site. Découvrez les ruines de ce château dans notre vidéo.Une existence de deux siècles
Marc Deceneux était un historien du Pays de Dol de Bretagne. Il s'est notamment documenté sur les châteaux, manoirs et forteresses en Pays de Combourg. Dans ses écrits, le château de la Roche-Montbourcher est, pour lui, « l'une des plus belles ruines de Bretagne, et probablement, la plus inconnue. » D'après Marc Deceneux, l'histoire du château commence par le mariage entre Julienne l'Espine, fille des propriétaires du terrain, et Guillaume 1er de Montbourcher, au milieu du XIIIe siècle. Plus tard, l'un des descendants de Montbourcher, Bertrand 1er de Montbourcher, décida de fortifier un château dans cette vallée de la Roche. Bertrand 1er de Montbourcher était Chambellan du Duc Jean V, le duc de Bretagne : par ce château, il « ne faisait que suivre la politique » du Duc, à savoir « fortifier la frontière orientale du duché de Bretagne, pour répondre à la menace permanente d'une annexion armée par le Roi de France et ses troupes. » Le château devait ainsi « barrer la grande route de l'Est » et surveiller une autre grande route venant de Normandie.Dans la seconde moitié du XVe siècle, le château passa par alliance à une famille de la région rennaise, les Thierry. Et finalement, point de grosses batailles pour le château. Sauf quelques échauffourées en 1595. Mais pour des raisons encore inconnues, la forteresse fut démantelée et définitivement abandonnée vers 1600. Marc Deceneux le soulignait : « Le château de la Roche n'aura donc existé que pendant deux siècles. »Préserver et valoriser le site
Les années ont passé. Des pierres sont tombées et, peu à peu, le château est devenu ruines. Le site appartenant à un propriétaire, seuls des férus d'histoire ou des curieux connaissent le château. « Tout petit, je venais jouer ici avec les copains. J'ai toujours trouvé dommage qu'il ne soit pas valorisé », raconte Éric Arribard, président de l’association des Amis du château de la Roche-Montbourcher, créée en 2018. Aujourd'hui, l'association et la mairie de Cuguen souhaitent justement valoriser, préserver et sécuriser le château. « Nous voudrions faire des travaux de cristallisation. Ces travaux consisteraient à dévégétaliser les ruines, repositionner des pierres et ensuite, établir un enduit étanche, résistant au temps et au gel pour empêcher la végétation de revenir. » Le but étant que les ruines restent dans l'état où elles sont aujourd'hui, dans « leur jus » mais sécurisées afin que les promeneurs viennent les découvrir sereinement. Au-delà du château, c'est toute le site qui devrait être mis en avant : le projet inclurait une promenade d'une heure trente au cœur de la vallée et de la forêt pour observer la faune et la flore, jusqu'aux ruines de la Roche-Montbourcher. Mais les travaux de cristallisation ont un coût : « Le premier devis donne environ 450 000 € de frais. » Ouvrir le site durant les Journées européennes du patrimoine est donc un moyen pour faire connaître le site et, à plus long terme, activer les visiteurs pour une éventuelle aide financière lorsque les travaux deviendront concrets. En parallèle, la mairie et l'association comptent refaire un dossier pour demander des fonds à la mission Bern, et réunir les différents partenaires comme le département d'Ille-et-Vilaine.
Dimanche 18 septembre, de 14 h à 18 h, au lieu-dit La Roche, Cuguen, plus d'informations au 02 56 47 53 32 ou contact@appac.bzh
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