VIDÉO. « La Loire les a pris au piège » : un nouvel hommage aux jeunes noyés de Juigné, 55 ans après
par Le Courrier de l'Ouest
Pour la 2e fois seulement depuis ce funeste après-midi du 18 juillet 1969 qui avait vu 19 enfants emportés par le courant, une cérémonie en mémoire à ces jeunes victimes s'est déroulée sur les lieux du drame, ce jeudi 18 juillet 2024 à Juigné-sur-Loire, commune déléguée des Garennes-sur-Loire, à 12 km au sud d'Angers. Comme en 2019, le jour du 50e anniversaire de cette tragédie, plusieurs familles endeuillées mais aussi des proches, des rescapés, des sauveteurs et quelques habitants se sont rassemblés, à l'invitation du maire délégué, Michel Prono, au niveau de la "Cabane François", du nom de l’ancienne guinguette d'où avait été donnée l'alerte.Gabrielle Vincelot, 89 ans, qui réside à Murs-Érigné, a pris sur elle pour découvrir les lieux qui l’ont séparée à tout jamais de son fils cadet, Joël, 11 ans : « C’est très dur de venir ici. On perd tout quand on perd un enfant. Mais c’est la fatalité, je n’en veux à personne », a-t-elle confié avant de jeter, comme la cinquantaine de personnes présentes, une rose blanche dans le fleuve royal.Deux autres de ses fils étaient présents ce jour-là, dont Philippe, 69 ans, sauvé miraculeusement par un pêcheur qui s’était mis en travers de sa dérive, peu avant le pont Dumnacus : « L’eau était beaucoup moins haute qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il faisait très chaud. On voulait juste patauger. Les moniteurs nous ont cédé. J’habite maintenant à la Bohalle. Je n’ai rien contre la Loire. Elle est magnifique. On n’était juste pas au bon endroit ».Dans une courte allocution prononcée en présence de Jean-Marc Verchère, son homologue d’Angers, le maire des Garennes-sur-Loire, Jean-Christophe Arluison, a rappelé les dangers de cet « élément naturel, capable du meilleur comme du pire. Et le pire est survenu ce 18 juillet 1969 : la Loire les a pris au piège ». Plusieurs participants se sont ensuite réunis dans une salle municipale proche du stade des Garennes pour évoquer le projet de stèle sur laquelle figurera l'identité des 19 disparus, une installation qui a finalement été reportée à l'année prochaine, à l’endroit précis de ce rendez-vous.Les 19 victimes étaient âgées de 11 à 13 ans et domiciliées à Érigné, aux Ponts-de-Cé et à Angers. Elles faisaient partie d'un groupe de 76 enfants qui étaient venus à pied avec quatre moniteurs du centre aéré Joseph-Bouëssé à Mûrs-Erigné. Ces derniers avaient sondé une grève avant d'organiser la baignade collective sur la rive gauche du fleuve, malgré une interdiction datant de 1957. Le sable s'était dérobé sous le poids des enfants, dont la plupart ne savaient pas nager. Le dernier corps avait été retrouvé quatre jours plus tard à Saint-Jean-de-la-Croix, à 7 km du lieu de cet accident qui avait connu un retentissement national.
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