VIDÉO. L'art délicat de la tonte de brebis mis en lumière à la foire-exposition de Bressuire
par Le Courrier de l'Ouest
La foire-exposition de Bressuire, avec son volet agricole, a valorisé dimanche 26 mars le métier de tondeur de brebis. Eric Belliard et Daniel Chatry, de Chiché, ont proposé plusieurs démonstrations de cette pratique qui associe force et délicatesse.« La tonte, c’est nécessaire parce que la laine continue toujours à pousser. C’est comme des cheveux. Au bout d’un moment, l’animal est vraiment gêné. Il y a un gros risque de parasitisme autour de la laine », précise Eric Belliard.Lui, ancien éleveur, a commencé la tonte pour son propre troupeau en 1980. Son voisin lui a transmis les bases. Il a ensuite approfondi ses connaissances. « Il existe deux techniques principales : la méthode Bowen, d’Australie, où l’on dégage le ventre et l’entrejambe puis la toison ; et la Montmorillonnaise, qui vise à dégager côté droite avec la main droite, côté gauche avec la main gauche ».Cette dernière est la plus connue et répandue dans la région."Quand on prend un morceau de laine, on peut connaître la vie de la brebis"Pendant quarante ans, Eric Belliard a parcouru les exploitations du Bocage bressuirais et des territoires voisins en plus de son métier d’éleveur. Il en retient « la convivialité » de la profession, qui entourait ses interventions annuelles. « Autrefois, il y avait beaucoup de brebis de plein air dont il fallait s’occuper dès mi-avril. Ensuite, il y avait les agneaux d’herbe, plus tard dans l’année. Aujourd’hui, ce sont surtout des brebis de bergerie qui doivent être tondues, entre décembre et février. Pour les besoins de la commercialisation, les agneaux ne sont gardés que trois mois. »Ces évolutions touchent aussi le prix de la laine. Celle-ci pouvait se vendre jusqu’à 2 € le kilo, sachant qu’une brebis en générait environ 2,5 kg. « Aujourd’hui, la laine vaut 10 centimes le kilo. Et le coût de l’intervention a doublé, autour de 2 € par brebis. Ce qui était une opération rentable est désormais une charge pour les éleveurs. »A 66 ans, Eric Belliard garde encore la main. « C’est un métier assez physique, ça ne demande pas beaucoup de force mais ça demande surtout beaucoup de résistance parce que pendant 7, 8 heures vous êtes assis à la même place à piétiner avec des brebis dans les jambes. »Les enseignements, une fois la tonte accomplie, sont plus riches qu’on peut l’imaginer. « Quand on prend un morceau de laine, on peut connaître la vie de la brebis. Donc, vous divisez le brin de laine par douze, ça correspond aux douze mois de l’année. Et si vous tirez bien sur les deux côtés, si le bout de laine est résistant, ça veut dire que votre brebis a passé l’année sans trop de problèmes. S’il y a une cassure dans la laine, c’est qu’ il y a eu un problème de santé à ce moment-là, qui peut correspondre à l’agnelage ou au sevrage. C’est très important pour les acheteurs de laine parce qu’ils ont besoin d’un brin de laine résistant. D’où l’intérêt de bien soigner ses animaux toute l’année ».
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