VIDÉO. Harcèlement scolaire : cette mère en a fait son combat après le suicide de sa fille

par Ouest France - La sélection de la rédaction

« Marion, c'était l'aînée de nos enfants. Une une bonne élève très drôle, gentille, empathique, hypersensible, avec des centres d'intérêt qui, semble-t-il, étaient différents », se raconte Nora Tirane Fraisse. Le 13 février 2013, à 13 ans, Marion, victime de harcèlement scolaire met fin à ses jours. Elle laisse une lettre dans laquelle elle raconte le harcèlement qu'elle a subi à l'école primaire et qu'elle subit toujours au collège. « C'était des mises à l'écart dès la maternelle et l'école primaire. Et puis au collège, beaucoup de moqueries, beaucoup d'insultes, beaucoup de rumeurs, des coups également, raconte sa mère. Quand on a réussi à récupérer la lettre, on s'est rendu compte avec stupeur de tout ce qu'elle vivait. Depuis, on a fait en sorte de faire du harcèlement un sujet central en France. C'est-à-dire que ça n'est pas un fait divers, c'est un fait de société », explique-t-elle en rappelant qu'aujourd'hui qu'un enfant sur cinq est victime de harcèlement en milieu scolaire, selon la dernière étude pour l’association Marion la main tendue et Head & Shoulders, menée par l’Ifop. Sensibiliser dans les écoles Pour lutter contre ce fléau, Nora Tirane Fraisse, a fondé en 2014 l'association Marion La main tendue pour venir en aide aux familles et aux victimes. Parmi les actions de l'association : des missions de sensibilisation auprès des écoliers, collégiens, lycéens. « J'ai démarré les interventions suite à la publication de mon livre « Marion, treize ans pour toujours ». Des enfants m'ont écrit en me disant : « S'il vous plaît, venez dans mon école, je subis ce que subissait Marion » », raconte la mère de famille. Face aux enfants, sa pédagogie est efficace. « D'abord, je leur demande s'ils savent ce qu'est le harcèlement. Chacune et chacun a le droit de donner sa définition. Ensuite, on trouve une définition commune. On fait également du théâtre forum, où les enfants se mettent en situation. Puis, on leur demande s'ils ont été témoins, sans stigmatiser. Certains vont dire qu'ils ont été témoins. D'autres vont dire : « Moi, je n'ai pas été témoin, j'ai été harcelée », « Il m'est arrivé ça, est-ce que vous croyez que c'est du harcèlement ? » Et puis vous avez des harceleurs qui disent : « C'est vrai qu'à un moment, moi-même j'ai été harcelé, je ne savais pas comment faire, donc je suis rentré dans la spirale ». Donc on démêle la pelote, on casse la dynamique de groupe et on leur demande à terme grâce à des outils pédagogiques autour de la gestion des émotions, des compétences psychosociales de devenir des leaders positifs ». « On a besoin qu'ils soient punis, ces gens qui nous font du mal » La fondatrice de l'association Marion, la main tendue est souvent consultée par les personnalités politiques concernant la lutte contre le harcèlement scolaire. Elle se demande toujours si les moyens alloués à la cause sont suffisants. « Vous avez entendu les enfants ? Qu'est-ce qu'ils vous disent ? « On n'y croit plus. On ne voit pas de différence sur le terrain. On a besoin d'éducateurs, on a besoin d'adultes. On a besoin qu'on nous comprenne. On a besoin de sanctions. On a besoin qu'ils soient punis, ces gens qui nous font du mal » ». Toujours selon l'étude de l'Ifop pour l’association Marion la main tendue et Head & Shoulders, la lutte contre le harcèlement scolaire est considéré comme le sujet relatif à la vie scolaire prioritaire par 87% des parents. « Aujourd'hui, à la vue de ces chiffres, il nous faut un vrai Grenelle de lutte contre le harcèlement scolaire. Un Grenelle ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on est autour de la table avec les fédérations de parents d'élèves, les syndicats d'enseignants, les syndicats de personnels d'éducation, les associations de lutte contre le harcèlement. Il faut écouter les familles, écouter les enfants, fixer un budget et des objectifs », liste Nora Tirane Fraisse. Après 10 ans de bataille, la fondatrice de l'association l'admet : « Moi je ne donnerai pas dix ans encore de ma vie, mais je pense qu'en dix ans, on aurait pu faire beaucoup plus de choses ». 

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