VIDÉO. Guyane : dans les villages du Haut-Maroni, les conséquences sans fin de l'orpaillage illégal

par Ouest France

Connues depuis trente ans ans, les conséquences sanitaires, environnementales et sociales de l'orpaillage illégal continuent d'empoisonner l'existence des populations du Haut-Maroni en Guyane.  Depuis sa coque en aluminium, Michel Aloïke pointe l'étendue de plastique qui brûle sur la rive surinamaise du fleuve Maroni. « L'orpaillage augmente les déchets et amène la drogue, l'alcool et la prostitution », dit-il en faisant référence à l'extension d'Albina 2, comptoir surinamais face à la commune française de Maripasoula (Guyane) où les garimpeiros (chercheurs d'or informels) se ravitaillent en vivres et en matériel. Sur le trajet d'une heure qui sépare son village de Maripasoula, ce chef coutumier Wayana des villages de Twenke et de Taluen s'arrête sur les eaux boueuses qui troublent le Maroni, témoins des activités d'orpaillage. La turbidité de l'eau due aux rejets de boues des chantiers asphyxie l'écosystème du fleuve. Et l'orpaillage libère aussi du mercure qui empoisonne la vie des populations.Présent naturellement dans le sol guyanais, le mercure se déverse dans le Maroni, fleuve-ressource pour des milliers d'habitants, via les activités d'orpaillage.En janvier, six associations ont déposé un recours contre l'Etat pour carence fautive, dans l'espoir que le préjudice des victimes soit reconnu et qu'elles soient indemnisées. « Je parle beaucoup et je ne trouve pas le moyen pour qu'ils viennent nous aider », témoigne Linia Opoya, requérante et présidente de l'association des victimes du mercure - Haut-Maroni.« Ça fait des années qu'on en parle. Tout ce qu'on voit on le dit mais personne nous croit parce que nous sommes en minorité. Nous sommes vraiment oubliés », souffle Patrick Touenke, gran man des Wayana. Il y a quelques années, avec d'autres, il a installé des barrages pour empêcher la circulation des garimpeiros sur le fleuve, avant que les gendarmes ne leur intiment d'arrêter. Maintenant, « on se bat par notre voix », dit-il, un peu désabusé. Mais l'espoir est permis. Cet été, Linia Opoya ira suivre une formation du Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l'Homme et disposera, ainsi, de nouvelles armes. «Les choses sont en train de changer», sourit-elle. 

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