VIDÉO. Guerre en Ukraine : faire les vendanges à quelques kilomètres du front
par Ouest France - La sélection de la rédaction
Malgré la guerre et les bombardements, les vendanges ont lieu dans le sud de l'Ukraine près de la ville de Mykolaïv, la région viticole la plus proche des zones de combat. Pavlo Magalias a fondé son domaine, Olvio Nuvo, en 2013 sur les pentes de l'estuaire du Boug méridional, un grand fleuve ukrainien se jetant dans la mer Noire. L'exploitation doit son nom à la colonie grecque d'Olbia, fondée au VIIe siècle avant notre ère et dont les ruines se trouvent à quelques centaines de mètres. Mais depuis le 24 février, ces lieux désolés battus par les vents ont perdu leur tranquillité.Au début de l'invasion, la rapide avancée de l'armée russe dans le sud de l'Ukraine lui avait permis d'occuper la berge opposée, au sud de Mykolaïv, d'où elle bombardait les troupes ukrainiennes sur la rive restée sous contrôle de Kiev. C'est ainsi qu'Olvio Nuvo « s'est retrouvé par hasard à l'épicentre de la guerre », relève Pavlo Magalias. Durant « ces mois très durs », il a dénombré pas moins de 26 cratères sur les 10 hectares de son vignoble, s'employant à déterrer et entasser chaque reste de missiles, pour la plupart à fragmentation.« On a l'habitude des bombardements »Les puissantes explosions provoquent tout juste un haussement de sourcils chez les ouvriers de Pavlo Magalias, des habitants de la région payés 600 à 700 hryvnia (environ 15 à 18 €) la demi-journée de travail. Plus tôt dans la saison, les bombes explosaient encore autour d'eux quand ils vendangeaient. Venue avec un ami afin de grappiller quelques sous, Lisa Bachanova, 15 ans, dit avoir pris « l'habitude » depuis la première fois que son village, à proximité, a été bombardé. Malgré les bombes, Pavlo Magalias assure n'avoir « jamais pensé à partir ». « J'ai mis toutes mes économies dans ce domaine. Maintenant, je n'ai plus d'argent mais j'ai tout ça », dit-il en montrant son vignoble surplombant l'estuaire, qui produit 15 000 bouteilles de vin rouge et blanc par an. Le pire, dit Pavlo Magalias, en lâchant finalement un sourire, c'est que l'année est exceptionnelle. « Des comme ça, on en a une fois tous les cinq ans! Le raisin donne son maximum et le vin va être excellent. Avec peut-être juste un arrière-goût de poudre ».
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24 novembre 2024 - leparisien