VIDEO. Dans "Jour de ressac", la romancière Maylis de Kerangal crie son amour pour Le Havre
par Ouest France
Dans le très beau "Jour de ressac", en lice pour le prix Goncourt 2024, la romancière imagine un polar en trompe-l’œil. Un prétexte pour magnifier sa ville natale, Le Havre, et faire remonter ses souvenirs. Lorsque Maylis de Kerangal a quitté Le Havre (Seine-Maritime) pour Paris à 18 ans, elle avait hâte d’en partir, d’élargir son horizon. Mais pas par détestation pour la ville de son enfance : « Je voulais juste vivre ma propre vie ».A Paris elle se marie, devient une autrice reconnue, a quatre enfants, s’éloigne du Havre… Mais la ville s’invite en toile de fond de ses livres. Le point de départ de "Réparer les vivants", récit d’une greffe, est la mort d’un jeune surfeur happé par une vague sur la plage du Havre." Les Rapides", eux, ont été écrits en écho au fait que la ville normande a été une scène punk rock importante.Dans son dernier livre, "Jour de ressac", Le Havre devient le personnage principal. Même s’il y a bien une narratrice, sorte de double de Maylis de Kerangal, contrainte de retourner dans sa ville d’enfance. Car sur la plage, la police a retrouvé le corps d’un homme qui porte son numéro de téléphone sur un bout de papier… Elle ne parvient pas à l’identifier, mais en elle remontent des bribes de sa jeunesse et d’un amour perdu."L'opacité des ports, des trafics"Tandis que les souvenirs envahissent la narratrice, elle marche dans cette ville si particulière, ouverte sur la mer, connectée à son port, suivant les lignes droites et bétonnées de son architecture d’après-guerre. Sous la plume charnelle et charnue de Maylis de Kerangal, la cité s’anime et devient belle. Elle est l’héroïne de ce roman envoûtant. « Le Havre est une ville idéale pour cela, dit Maylis de Kerangal. Elle a l’atmosphère des villes portuaires, avec l’opacité des ports, des trafics. Et puis ce n’est pas une ville de fac-similé, elle a été entièrement reconstruite par Auguste Perret. Elle a un graphisme incroyable. »Pourtant, elle a longtemps été mal aimée. L’architecture y a toujours été un épineux sujet. « Certains ont baptisé la ville Stalingrad-sur-Mer. Ils pensaient que c’était horrible de vivre là. » Maylis de Kerangal, elle, a de magnifiques souvenirs de l’immeuble Perret où elle vivait. Et il y avait la mer, si chère au cœur de cette Bretonne d’origine, née à Toulon (Var), dont le père était capitaine au long cours."Jour de ressac", lui, va encore contribuer à redonner son lustre au Havre, qui a retrouvé de sa
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