par Ouest France
L'association Ansel organisait ce dimanche 26 novembre 2023 à Concarneau (Finistère) un ramassage de déchets sur la plage des Sables-Blancs. Objectif ? Nettoyer bien sûr la plage de ses détritus mais aussi repérer si des objets issus de conteneurs tombés dans l'Atlantique ont été charriés. Des déchets qui seront alors répertoriés dans l'application lancée en 2017 par l'association "Ocean Plastic Tracker".Quelle est cette application ? Dans l'hiver 2013 à 2014, plus de 800 conteneurs ont été perdus au large du Finistère en raison des multiples tempêtes. "Avant cela, nous avions déjà connaissance de déchets qu'on retrouvait de manière régulière et massive", retrace Lionel Lucas, cofondateur et vice-président de l’association Ansel. Ces déchets sont en fait issue de déversements de conteneurs. Plusieurs habitants se disent alors qu'il peut être intéressant de réaliser une cartographie des lieux où ils sont retrouvés afin de les identifier, montrer l'ampleur des dégâts et alerter les industriels à l'origine de la pollution. L'application "Ocean Plastic Tracker" nait ainsi en 2017. Plus d'une vingtaine de déchets issus de conteneurs y sont ainsi référencés.
Quel est l'objectif ? "L'objectif est de pouvoir mesurer dans le temps et dans l'espace ces déchets"' répond Lionel Lucas. L'idée est ainsi de montrer que quand un cargo perd son chargement, il s'agit "d'une pollution souvent massive, qui va se disséminer partout et qui va durer dans le temps." Or, ramasser ces déchets n'est pas suffisant : "Ce que l'on souhaite, c'est laisser une trace de ces pollutions pour en montrer l'ampleur et le faire savoir aux industries pétrochimiques et aux fabricants responsables. Il faut qu'ils soient mis devant leurs responsabilités de pollueur. Ce n'est pas seulement aux contribuables et aux bénévoles de lutter contre ces pollutions."
+++ Lire aussi. « Ne faire que ramasser les déchets, c’est jouer le jeu des pollueurs »Quels sont les objets, déchets que l'on retrouve ?Lors des ramassages, il y en a de tous les types, issus de la pêche ou de l'ostréiculture, des sacs de déjection canines jetés en mer, des plastiques divers et variés... Concernant les objets issus de conteneurs, cela peut aller du téléphone Garfield en PVC - "qui je le rappelle, est le seul plastique à couler" - datant des années 80, aux chaussons Pullman (2014), aux bouchons perdus en 1995 ou encore aux cartouches d'imprimante perdues en 2016... "Malgré les années, on continue à les retrouver. Fabriqués dans des plastiques différents, plus légers, ils flottent et se disséminent donc un peu partout sur les côtes françaises et européennes."Quelles solutions ? "Aorès les marées noires, les politiques se sont emparés du sujet puis ont été suivis par les procureurs. Il faudrait une législation internationale identique permettant de poursuivre les responsables", estime Lionel Lucas. Selon la Fédération des armateurs Français, 1 382 conteneurs seraient perdus par an. Difficile de connaître les chiffres exacts puisque les compagnies préfèrent souvent ne pas les signaler. "Le problème, c'est qu'ils n'ont pas de balise permettant de les identifier. Et ils ne vont pas venir réclamer leurs conteneurs..." La proposition de mettre en place un système de déclaration obligatoire des boîtes perdues en mer internationale doit être débattue lors du prochain comité de la sécurité maritime (MSC) de l’Organisation maritime internationale (OMI), qui se tiendra du 31 mai au 9 juin prochain. Si elle était approuvée, le système pourrait être appliqué à partir de 2026.