VIDÉO. Aux Antilles, les raisons sous-jacentes de la colère
par Ouest France - La sélection de la rédaction
La mobilisation autour de l’obligation vaccinale des soignants a fait ressurgir l’ensemble des problématiques sociales et économiques auxquelles sont confrontés les territoires d’outre-mer. En Guadeloupe et en Martinique les manifestations ont laissé place à des scènes d’émeute. Passé colonial, chômage, coût de la vie… Les raisons de cette colère sont multiples. Pour Philippe Gosselin, député de la Manche (LR), qui a travaillé sur les Antilles françaises, dans le cadre d’une mission en Martinique et en Guadeloupe cette situation est liée, entre autres, « à des questions sociales, économiques. On a de problèmes de formation. Trop de jeunes par exemple, n’ont pas un niveau de formation qui leur permet de trouver du travail. » Un constat que partage le président du conseil régional de la Guadeloupe, Ary Chalus (LREM) : « Le jeune qui ne trouve pas de travail à Nantes, il prend le train, il se rend à Paris. De Paris, il peut aller à Brest, à Lille. Il a sa chance. Le jeune guadeloupéen, il doit prendre un avion. Huit heures de trajet. Et il arrive le lendemain. C’est pour cette raison que nous avons un chômage supérieur. »Défiance de la parole de l'ÉtatAutre problème en toile de fond, le scandale du chlordécone. Ce pesticide a été massivement utilisé en Martinique et en Guadeloupe, entre 1972 et 1993, dans les bananeraies. Sa toxicité pour l’Homme et pour l’environnement est connue depuis les années 1960. Mais la France affirmait qu’il n’y avait aucun danger. En septembre 2018, lors d'un déplacement à Morne-Rouge en Martinique, le président de la République, Emmanuel Macron, déclarait : « L’État doit prendre sa part de responsabilité dans cette pollution et doit avancer dans le chemin de la réparation. » Aujourd’hui, la parole de l’État est remise en doute lorsqu’il est affirmé que les vaccins à ARN messager sont sans danger : «On a une parole publique qui est émoussée. Les gens doutent, on leur a dit il y a 30 ou 40 ans, soyez tranquille, il n’y a pas de difficultés, on leur redit, aujourd’hui avec le vaccin, soyez tranquille il n’y a pas de difficulté » explique Philippe Gosselin.Un autre problème majeur concerne l’accès à l’eau en Guadeloupe. Les habitants doivent vivre avec des coupures d’eau quotidiennes : « Comment accepter en 2021 que des familles entières n’aient pas d’eau pendant 15-20 jours, des mois en Guadeloupe ? » questionne Ary Chalus. Pour que la situation sur place s’améliore Philippe Gosselin propose un statut renouvelé des départements d’outre-mer : « leur donner plus d’autonomie, pour exercer plus de pouvoir localement, qui soit adapté aux nécessités du territoire et aux nécessités de la population. La République elle est unie mais elle s’exprime aussi dans la diversité et je crois que c’est le principe de subsidiarité. C’est laisser faire aux échelons locaux ce qui peut être fait à l’échelon local ».
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