VIDÉO. Autoroute Toulouse-Castres : des opposants sur des arbres pour arrêter le chantier
par Ouest France - La sélection de la rédaction
À Vendine en Haute-Garonne, des opposants à l'autoroute Toulouse-Castres campent dans des tentes colorées, en plein champ ou au sommet de grands platanes, dans l'espoir d'arrêter pacifiquement le chantier. Cette mobilisation écologiste est scrutée par l'État, qui redoute l'implantation d'une ZAD.« Avez-vous l'impression d'être dans une ZAD ?», s'amusent plusieurs membres du collectif « La voix est libre». Ils sont une cinquantaine, de tous les âges, à discuter au soleil dans une ambiance bon enfant, au milieu de quelques tentes et de dizaines d'affichettes contre l'autoroute et pour l'aménagement de la nationale existante. Julie Remise se dit « révoltée ». « On a déjà une route. Vu comment tourne le monde, ce n'est pas la peine de bitumer plus », plaide-t-elle, signalant la RN126.L'autoroute pourrait réduire d'une vingtaine de minutes le Castres-Toulouse en 2025, un trajet d'un peu plus d'une heure aujourd'hui. « On va gagner quinze minutes si on fait la route par l’autoroute, donc on trouve que ce n'est pas très très rapide, enfin que cela ne fait pas un gain de temps énorme », souligne Françoise de Guibert, habitante de Veilhes, village situé à quelques kilomètres du tracé de la future autoroute.Un projet « exemplaire » selon les élusLes principaux élus du Tarn, de tous bords politiques, soutiennent l'autoroute. « La plupart des Tarnais sont heureux de ce projet », vecteur d'emplois, explique Bernard Carayon, conseiller régional LR d'Occitanie, mobilisé depuis 30 ans pour la construction de cette autoroute. « Castres-Mazamet, ajoute-t-il, c'est le seul bassin économique de plus de 100 000 habitants aujourd'hui privé d'autoroute ou de desserte TGV ». Selon un sondage Odoxa, 75% des personnes concernées par le projet y sont favorables. Le collectif d'opposants « La voie est libre » conteste cette enquête, l'échantillon n'étant notamment pas selon eux représentatif de l'ensemble des personnes concernées. Un membre de ce collectif, Thomas Digard préfère souligner les conclusions de la commission d'enquête publique de février dernier, basée sur quelque 3 800 contributions. « De nombreuses observations (...) s'opposent au projet d'autoroute et réclament (...) un aménagement de la RN126 et parfois aussi le développement des transports en commun », selon cette commission.Cet aménagement a d'ailleurs été jugé « plus pertinent » en termes environnementaux par le Conseil national de protection de la nature (CNPN) et l'autorité environnementale, rappelle-t-elle. « La solution autoroutière (...) n'est retenue et défendue comme l'unique solution essentiellement parce que l'État et les collectivités ne veulent pas en supporter le financement », affirme-t-elle encore.Le 22 avril, appel à la mobilisation Malgré ces réserves, le projet a obtenu les autorisations nécessaires, et les travaux ont débuté. Puis des opposants ont installé les tentes à Vendine, provoquant l'inquiétude du ministre de l'Intérieur.Auditionné par des sénateurs le 5 avril dernier, après les affrontements entre gendarmes et manifestants fin mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), Gérald Darmanin a classé l'A69 parmi les 42 projets « susceptibles de faire naître des contestations extrêmement violentes », y compris « contre les institutions républicaines ».Alors qu'une manifestation est prévue sur le tracé de l'A69 le 22 avril prochain, le ministre a estimé que « d'énormes difficultés se poseront pour les forces de l'ordre ». Pour Thomas Digard, membre du collectif « La voie est libre », avec ce type de déclarations, « Darmanin met le feu aux poudres ».
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