VIDÉO. Au tribunal, Séverine fait « du droit, pas la morale »

par Ouest France

Juge généraliste, Séverine Martin passe d’une audience à l’autre : affaires familiales, civilistes, pénales. Pour chaque dossier, elle rend des décisions motivées. « On doit prouver ce qu’on avance ». Séverine Martin préside l’audience. Elle rappelle les faits. C’était en 2021. Des violences sur mineurs, une problématique alcoolique. Trois ans plus tard, ce père se présente devant la juge pour demander un droit de visite. « C’est un papa qui souhaite reprendre sa place auprès de ses enfants », plaide son avocat. Traumatisme, lien rompu, confiance perdue, la partie adverse défend le point de vue de la mère.Séverine est à l’écoute. L’homme qui se tient en face d’elle a-t-il vraiment changé ? Peut-il accueillir ses enfants en toute sécurité ? La greffière à ses côtés noircit des pages. La juge prend quelques notes sur son ordinateur, ses ressentis, des points à vérifier, et pose des questions. « Les justiciables ne doivent pas sortir de l’audience avec l’impression de ne pas avoir été entendus », soutient-elle.Devenir l’un d’euxSéverine, 48 ans, a démarré sa carrière en tant greffière, en 2003. Puis, au contact des magistrats, elle décide de devenir l’un d’eux. Après avoir réussi le concours complémentaire, accessible après sept années d’ancienneté, elle revêt la robe de juge en 2017.Un peu plus de deux ans à Évreux (Eure), trois à Brest (Finistère), elle est depuis deux ans juge non spécialisée au tribunal judiciaire de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Robe noire, bavette blanche, elle portait aujourd’hui sa casquette de juge des affaires familiales. Séverine est aussi civiliste, pour les litiges entre particuliers dont l’enjeu financier est supérieur à 10 000 €, « des problèmes de construction, de succession, de voisinage, c’est très varié », et juge au pénal, pour des audiences en correctionnel. « Je n’ai pas de semaine type. » Quinze audiences d’affaires familiales étaient au programme de la matinée, qui a largement débordé sur la pause déjeuner. Demain elle entendra des mineurs, la fin de semaine sera consacrée à l’écriture. Le nez dans son Dalloz. Ou sur Légifrance. Un travail qui réclame du temps et de la sérénité. La juge rend des décisions qui doivent être « motivées. On doit prouver ce qu’on avance. Je fais du droit, pas la morale ».Si elle a du mal à trancher, elle enquêtera, ordonnera des mesures d’expertise. « Je juge des faits », insiste-t-elle. Autorisera-t-elle le père à revoir ses enfants ? Quel sera le montant de la pension alimentaire ? Elle peut discuter des affaires les plus compliquées avec ses collègues mais c’est elle seule qui prendra la décision. Le poids des responsabilités est « important. Il y a tellement d’enjeux. Il faut être conscient de l’impact que nos décisions ont sur le quotidien des gens».Le métier réclame des qualités humaines, de la rigueur, de l’éthique, une grosse capacité de travail, et de savoir faire la part des c

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