Vingt ans après avoir subi l'application de la charia, l'enfermement des femmes et autres exactions, les Afghans se retrouvent à nouveau sous la main des Talibans. Dans leur discours médiatique, ces derniers se veulent pourtant rassurants. Dans les heures précédant la prise de Kaboul, leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, assurait qu'ils ne se vengeraient pas des militaires ou fonctionnaires Afghans. Le mollah Abdul Ghani Baradar, l’un des principaux chefs rebelles, promettait, le 17 août, un gouvernement islamique « ouvert et inclusif », ainsi que l'autorisation pour les femmes d'aller étudier « de la primaire à l'université », malgré l'obligation de porter le voile. Cette opération de propagande allait même jusqu'à diffuser des vidéos de talibans s'amusant dans des manèges de la capitale ou dans une salle de sport. Le risque d'un écran de fumée Pourtant, de nombreuses exactions ont été rapportées dans des villes tout juste prises par les insurgés, discréditant cette propagande. « Tout est conforme à ce qu'ils avaient fait quand ils ont tenu le pays entre 1996 et 2001, estime Jean-Charles Jauffret, historien spécialiste de l'Afghanistan et auteur d'Afghanistan, la guerre inachevée (2013, éd. L'atelier de l'Histoire). Il n'y a aucune évolution, les témoignages que nous avons reçus racontent les pires horreurs. » Pour l'historien, les victimes resteront les mêmes : « Tout ceux qui étaient dans l'autre camp, dans l'administration, mais surtout les policières, les magistrates, les avocates, les gouverneures. Tout ce qui porte jupon est automatiquement la première cible des talibans. »Le retour des talibans pose également la question de la résurgence de groupes terroriste. Non pas de Daech, en désaccord et en concurrence avec les talibans, mais d'Al Qaïda. « Les Américains se sont fait rouler dans la farine lors des négociations de Doha, qui durent depuis un an. Ils ont promis de ne pas supporter de groupe terroriste, alors qu' ils avaient toléré la reconstitution de camps d'Al-Qaïda dans la province de Kandahar, en février 2020. El-Qaëda se fait assez discrète, mais elle est en train de renaître. »
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