VIDEO. À Quimper, ils ont quitté leur fauteuil pour danser avec leurs aidants
par Ouest France
À Quimper (Finistère), les résidents du pôle Keraman, en situation de handicap moteur, ont quitté leurs fauteuils pour danser sur scène, avec leurs aidants. Une semaine de stage avec des chorégraphes professionnels pour se découvrir autrement.Un mercredi matin d’octobre, autour du bar de la MPT de Penhars à Quimper (Finistère). Dans les mains d’Eva, en fauteuil roulant, comme dans celles de Morwena, valide, une tasse de café. Qu’ils soient chorégraphes, résidents du pôle Keraman et aidants, tous se retrouvent ainsi chaque matin avant d’entamer l’atelier de danse. Un temps pour réveiller son esprit, avant d’éveiller son corps. Car dans quelques minutes, ils se retrouveront tous sur scène, prêts à s’étirer, bouger, danser. « Cette résidence, c’est un moment très très fort pour moi », confie Eva, 27 ans. À peine arrivée dans la salle de spectacle du terrain blanc au sein de la MPT de Penhars elle quitte son fauteuil, aidée par Morwena. Elles se connaissent depuis longtemps, se voient chaque jour au foyer, « mais là c’est différent, explique-t-elle. Habituellement, j’aide Eva et les autres pour se lever, s’habiller... bref dans les gestes du quotidien. Là il n’y a ni soignants, ni résidents, on est juste des êtres humains au même stage de danse », souligne l’accompagnante éducative et sociale, ou devrait-on dire la stagiaire, le temps de ces cinq jours de résidence. « On va tous prendre une grande respiration, étendre les muscles, et aller chercher le ciel » , guide Catherine Reynolds, danseuse chorégraphe. C’est très important avant de danser. » Avant cela, elle leur avait demander s’il souhaitaient s’asseoir par terre. « Ca a été un oui spontané pour beaucoup. »« C’est presque comme si je marchais »Les exercices se passent d’abord au sol. « Quitter mon fauteuil, c’est presque comme si je marchais. On se sent libre », confie Eva. Elle attendait cet atelier depuis un moment. « Je suis heureuse de quitter le foyer. Aller vers l’extérieur… Sinon, c’est un peu tous les jours la même chose. »Parfois aidée par les autres danseurs ou pas, elle suit avec attention les directives du chorégraphe : « Quand je dis centre, vous essayez tous de vous réunir. Prenez votre temps, vous pouvez observer les autres, observer l’espace », guide Galaad Le Goaster, danseur et co-directeur de la compagnie Les assemblées mobiles. « C’est une première pour moi. On ne va pas leur apprendre comment bouger, mais apprendre d’eux, de leur façon de bouger pour créer quelque chose pendant cette semaine. »Des corps moins bridés Les accompagnants eux aussi les découvrent sous un autre jour. « Certains sont plus expansifs qu’on le penserait et sont même plus à l’aise que moi », confie Morwena. Même si elle est aussi là pour danser, on sent son regard d’aidant : « Je les vois faire des choses que je n’imaginais pas, comme s’ils étaient moins bridés que dans leur fauteuil. Peut-être que ça va changer des petites choses dans leur quotidien », espère-t-elle.« Changer leur relation au corps »« Ces corps blessés ne connaissent que la souffrance, alors on essaie de les sortir de cette relation à leurs corps, avec ces ateliers d’expression. Que ça puisse être aussi synonyme de moments agréables », explique Gaël Le Cornec, adjoint au pôle Keraman à Quimper, qui accueille des personnes en situation de handicap moteur. Depuis cinq ans, des ateliers de danse sont ainsi organisés au sein de l’établissement. « Ça leur plaît beaucoup, alors on a eu envie d’aller plus loin et de leur permettre de se tourner vers l’extérieur. »Être sur scène, « c’est valorisant pour eux »Les résidents sont donc sortis, mais aussi le personnel du foyer « dans l’idée qu’ils se découvrent autrement, et que leur relation ne se limite plus à la sphère médicale ». Pour Amélie Le Moignic, aide médico psychologique, « ce type d’activité est assez récent dans le milieu du handicap. C’est une bonne chose que ça se développe, car c’est valorisant que d’autres personnes puissent les voir sur scène. » C’est l’association Danse à tous les étages qui a réuni une même semaine des chorégraphes, résidents et aidants du pôle Keraman. « Par le corps on dit tout un tas de choses », présente Naïg Vaineau-Gasperment, chargée de développement à Danse à tous les étages. « Notre but est de donner accès à la danse à un public qui a priori n’a pas accès à cette pratique artistique, pour des raisons physiques, sociales. »
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