USA-Turquie: la guerre des visas
par euronews-fr
L’ambassade américaine à Ankara a annoncé dimanche la suspension immédiate de la délivrance de visas, hors visas d’immigration, dans toutes les missions diplomatiques américaines en Turquie, sur fonds de tensions liées à l’arrestation d’un employé du consulat d’Istanbul mercredi.Pour “réévaluer l’engagement” des autorités turques à assurer la sécurité des missions et de ses employés et “afin de limiter le nombre de visiteurs qui se rendent à nos ambassade et consulats le temps de cette évaluation, nous suspendons immédiatement tous les services autres que les visas d’immigration”, a indiqué l’ambassade dans un communiqué.Statement from the U.S. Mission to Turkey pic.twitter.com/RjTU3BfSXZ— US Embassy Turkey (@USEmbassyTurkey) 8 octobre 2017Cette décision survient après l’arrestation mercredi d’un employé local du consulat d’Istanbul pour des liens présumés avec les putschistes à l’origine du coup d’Etat avorté de juillet 2016. Selon un communiqué publié jeudi sur le site de l’ambassade à Ankara, le gouvernement américain s’est dit “profondément troublé” par cette arrestation et a déploré des fuites distillées “par des sources gouvernementales turques” dans la presse sur l’arrestation de l’employé, estimant que cela revenait “à lui faire un procès dans les médias et non pas devant un tribunal”. Le quotidien pro-gouvernemental Sabah a notamment publié des informations sur la famille de l’employé en question, comme l’adresse de son domicile. L’employé est notamment accusé d’“espionnage”, de tentative de renverser le gouvernement et de liens avec les réseaux du prédicateur auto-exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau du putsch avorté de juillet 2016. L’ambassade a estimé que ces allégation étaient “sans fondement”.US “visa freeze” on Turkey: This is just the beginning. #TurkishWinter is here & it’s only going to get colder from now on.— BurakKadercan (@BurakKadercan) 8 octobre 2017Ibrahim Kalin, porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan, a expliqué cette arrestation par des relevés d’appels suggérant l’existence d’“un intense trafic téléphonique” entre l’employé arrêté et des putschistes présumés, dont Adil Öksüz, considéré comme l’un des meneurs du coup avorté. En mars déjà, l’ambassade américaine avait dû s’expliquer sur un appel téléphonique du consulat d’Istanbul à M. Öksüz quelques jours après le putsch manqué. Elle avait alors déclaré que cet appel était destiné à informer M. Öksüz de la révocation de son visa américain. Arrêté juste après la tentative de putsch, M. Öksüz a été relâché dans les jours suivants dans des circonstances floues et est depuis activement recherché par les autorités turques. Dès les jours qui ont suivi le putsch avorté, des responsables turcs avaient ouvertement accusé les Etats-Unis d‘être liés au coup de force, contraignant l’ambassadeur américain John Bass à démentir ces allégations lors d’un entretien à la télévision turque. Depuis la tentative de coup d’Etat, le refus des Etats-Unis d’accéder à la demande de la Turquie de lui remettre M. Gülen est une source de tension permanente entre les deux pays.
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