Un garde-fou face à Trump.
par Kangai News
Un garde-fou face à Trump. Sous le choc. Traumatisés. Obnubilés par la personnalité de Donald Trump et ses outrances volontaires. Les démocrates américains ont mis longtemps à se réveiller de la nuit électorale de novembre 2016. Trump contrôlait tout. Les deux chambres du Congrès et l'exécutif. Mais aussi l'appareil judiciaire, avec notamment deux nominations à la Cour suprême qui vont peser sur la vie américaine, et pour longtemps. Depuis hier, un obstacle de poids contient cette déferlante. En remportant la Chambre des représentants, les démocrates disposent désormais d'un instrument de contrôle, d'enquête et de médiation. Avec un Président incarnant la nation, ce ne serait qu'une péripétie partisane, dans le long mouvement de balancier d'une démocratie. Avec Trump, et son impétueuse tendance à se poser avant tout et violemment en chef de faction, c'est la démocratie elle-même qui retrouve ainsi un peu d'équilibre. On ne peut que s'en réjouir. Alors que le contre-pouvoir que représente la presse est affaibli par la révolution numérique, alors que le contre-pouvoir judiciaire penche drastiquement à droite, la reconquête de la chambre par l'opposition est un événement de première importance. Indépendamment de l'ampleur du résultat. Il envoie également un message au monde. Aussi brutal et nationaliste que puisse être son Président, la plus puissante des démocraties occidentales renoue avec la logique, ne serait-ce que potentielle, de l'alternance. Féminisation Pour les observateurs américains, les leçons du vote d'hier sont nombreuses. Le vote populaire, comme en 2016, est très nettement en faveur des démocrates. La mécanique électorale, toutefois, et le découpage par États, permettent au camp républicain de faire la démonstration que le « trumpisme » n'est pas un phénomène passager. Là où le Président a fait campagne, il a gagné. Le socle de son électorat est plus solide que le camp adverse ne le souhaiterait. L'Amérique qui se reconnaît dans Trump vote et lui reste fidèle. Ce qui vaut aux républicains une progression au Sénat qui pèsera dans la campagne de 2020. La Floride et l'Ohio, États traditionnellement décisifs lors de la présidentielle, n'ont pas basculé à gauche. Sociologiquement, cette tournée électorale a aussi consacré un renouvellement chez les démocrates et une féminisation inédite des bancs de la chambre basse. Tout en confirmant les fractures dans la géographie du vote, entre les grands centres urbains et la périphérie américaine. Ce phénomène n'est pas spécifique aux États-Unis, mais il y est particulièrement marqué. C'est sur ces fractures, combiné avec le fonctionnement fédéral du pays, que Trump avait gagné en 2016, et c'est sur elles qu'il compte encore aujourd'hui. Les démocrates peuvent souffler, comme un boxeur groggy qui se redresse enfin, mais ils n'ont encore rien en poche pour 2020. Ni la garantie de prendre le Sénat. Ni une ligne de synthèse entre les centristes et l'aile gauche. Ni, surtout, un candidat en mesure pour l'instant de s'imposer comme favori pour les primaires.
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