Sur les sondages de la présidentielle, 4 choses à vérifier pour ne pas se faire piéger
par Huffington Post
Plus le jour J se rapproche, plus ils se multiplient. À moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, plus de 4 sondages d’intentions de vote sont publiés chaque jour. Objectif: observer la tendance des candidats pour tenter d’analyser au mieux les chances de chacun avant le scrutin. Les enquêtes d’opinion sont pratiques et utiles, mais elles peuvent aussi être mal comprises, voire mal réalisées. Pour tenter de s’y retrouver dans la jungle des sondages, Le HuffPost a interrogé Matthieu Gallard, directeur de recherche chez Ipsos, et Jean Chiche, docteur en statistiques mathématiques. De ces entretiens émergent 4 points essentiels à vérifier pour s’assurer que la réponse donnée à un sondage représente réellement l’avis des Français sur la question. Les échantillons, question clé Derrière ces principes de base se posent des questions plus complexes. Souvent, la marge d’erreur est donnée par les instituts par rapport à l’échantillon de Français interrogé à la base. Mais si vous voulez connaître les intentions de vote des 20-30 ans qui représentent 11% de la population, cela veut dire que seulement 11% de votre échantillon est utilisé. Il n’est donc plus de 1000 personnes, mais de 110 personnes… et la marge d’erreur peut alors atteindre 10%. “Pour analyser un sous-groupe, il faut un échantillon plus important à la base”, rappelle Mathieu Gallard. Surtout, le vrai problème de l’échantillon aujourd’hui, c’est de savoir à quel point il est représentatif. “Dans l’absolu, il faut privilégier un sondage aléatoire, mais aujourd’hui, la majorité est réalisée en ligne avec un panel”, rappelle Jean Chiche. Un panel, c’est un ensemble d’individus qui ont accepté d’être contactés par un institut pour répondre périodiquement à diverses questions. “Quand cette base est qualifiée, qu’elle correspond bien à ce qu’on cherche à mesurer, il n’y a pas de problème. Mais tous les panels ne se valent pas et cela peut créer des biais”, met en garde Jean Chiche. Mais cet élément est bien difficile à vérifier, car le détail de ces panels est rarement public. Un redressement nécessaire, mais peu transparent Un autre point qui fait régulièrement débat, c’est celui du “vote caché” et du redressement du résultat des enquêtes d’opinion. “Il y a souvent une incompréhension: on ne redresse pas un sondage d’intentions de vote en fonction des candidats actuels. On le redresse par rapport aux élections passées”, précise Mathieu Gallard. Un échantillon, si grand soit-il, n’est pas parfait. Il arrive donc qu’on ait trop d’hommes par rapport à la composition, on va pondérer en donnant moins de “poids” aux hommes, afin que le résultat soit plus proche de l’ensemble de la France. “Et on fait la même chose avec l’aspect électoral: on demande aux sondés pour qui ils ont voté à la précédente élection et si on constate que l’échantillon a un peu plus voté pour un candidat, on va réduire le poids de ces personnes dans le calcul”, détaille le sondeur. Un processus classique, confirme Jean Chiche, qui ajoute une nuance: “il faut que les biais de l’échantillon soient faibles et que les méthodes de redressement habituelles puissent être utilisées. Or, plusieurs instituts ne rendent pas public leur redressement”. Enfin, il faut bien se rappeler qu’un sondage ne tente de décrire qu’une seule chose: ce que répondent les Français à une question donnée, à une date donnée. Même avec un sondage de bonne qualité, il est important de garder ce paramètre en tête pour éviter de faire dire n’importe quoi à une enquête d’opinion. ----- Abonnez-vous à la chaîne YouTube du HuffPost dès maintenant : https://www.youtube.com/c/lehuffpost Pour plus de contenu du HuffPost: Web: https://www.huffingtonpost.fr/ Facebook: https://www.facebook.com/LeHuffPost/ Twitter: https://twitter.com/LeHuffPost Instagram: https://www.instagram.com/lehuffpost/ Pour recevoir gratuitement notre newsletter quotidienne: https://www.huffingtonpost.fr/newsletter/default/
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