Super Ligue : « Dans ce système, le droit de rêver n’existe plus »
par leparisien
Douze clubs de football européen ont annoncé lundi vouloir créerleur propre compétition pour concurrencer la Ligue des champions. Après desdécennies à agiter le spectre d’une potentielle dissension, le Real Madrid,Liverpool, Manchester United ou encore la Juventus de Turin ont franchi lundi le pas encréant une société commerciale, baptisée « Super League ». Selon DidierPrimault, économiste spécialiste du sport et directeur général de CDESProgesport, « l’objectif de la Super League pour les douze clubs qui ensont les porteurs, est clairement d’améliorer leur modèle économique ».Mais en dissension avec l’UEFA et la Ligue de champions, ceprojet de « Super League » pourrait conduire à un football européen sans« ancrage territorial », estime l’expert. « Cela fait trente ans quej’entends parler de Super League, et jusqu’à présent, c’était utilisé comme moyende pression pour les grands clubs pour avoir une plus grosse part du gâteaudans les négociations avec l’UEFA. » Mais depuis, les équipes de football européennes ont vu leur propriétaires changer, rappelle Didier Primault. « Pourles clubs anglais par exemple, la plupart des propriétaires sont Américains, voiredes fonds de pension. » Lundi matin, c'est une banque américaine, JPMorgan, qui a annoncé qu'elle allait financer le projet. « Aujourd’hui, entre 4 et 5milliards d’euros seront potentiellement sur la table », ajoute Didier Primault.« Le lien de ses propriétaires avec les territoires concernés est beaucoupplus tenu, et leur intérêt pour le modèle européen est assez faible », estimel’expert.La « Super League » pourrait aussi avoir un impactsur la tenue de compétitions nationales. « Il y a un grand risque sur lescalendriers des équipes nationales, constate Didier Primault. Car les systèmesqui sont sur une approche purement économique vont vouloir organiser plus dematches rentables et cela veut dire prendre un peu plus de dates et entrer à unmoment en collision avec les matches en équipe nationale. »Enfin, cette nouvelle compétition constituée de douze grandsclubs pourraient également avoir pour effet d’exclure de plus petites équipeset par conséquent un certain nombre de pays européens. « Le droit de rêver que même unpetit club puisse s’insérer dans une phase finale de la Ligue des champions, ilexiste. Mais dans le système à venir, il n’existe plus », déplore le directeurgénéral de CDES Progesport.
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24 novembre 2024 - leparisien