Second tour des régionales: un tremplin pour la droite en 2022 ?
par l'Opinion
Les Républicains vont-ils se réinstaller au cœur du débat et de la prochaine présidentielle à l’issue du second tour des élections régionales ce dimanche ? L’analyse de Ludovic Vigogne, journaliste au service politique de l’Opinion Les résultats du premier tour sont venus remettre du baume au coeur au sein du parti de Christian Jacob. Les Républicains sont arrivés largement en tête à l’issue du premier tour des régionales avec 28,4 % au niveau national. La droite est arrivée en tête dans six régions sur douze. L’analyse de Ludovic Vigogne, journaliste au service politique de l’Opinion. Peut-on dire que Les Républicains se réinstallent au cœur du débat et de la prochaine présidentielle ? Oui, ces élections régionales, en tout cas ce premier tour, auront relancé Les Républicains. D’abord, ils avaient connu une campagne difficile, ils étaient sur la défensive. Il y avait une mauvaise ambiance interne. Le feuilleton de PACA où Renaud Muselier avait fait alliance avec la majorité présidentielle contre l’avis du parti. Tous les présidents de région sortants de la droite et du centre sont arrivés très largement en tête à l’exception de Renaud Muselier en PACA, qui est distancé. Là, tous devraient retrouver leur siège à l’issue du second tour, sauf accident en Pays de la Loire et en PACA. Ça a un peu remisé l’idée que le duel Le Pen-Macron était inéluctable en 2022 et donc ça a redonné de l’oxygène aux Républicains. Beaucoup pensent aujourd’hui que s’ils ont un bon candidat en 2022, qui fait l’unanimité, ils ont de sérieuses chances d’emporter l’Elysée. Quels sont les enjeux pour la droite au second tour ? Quelles sont les régions qui seront scrutées de près dimanche soir ? Pour le second tour, il y aura deux régions à scruter pour Les Républicains. La première c’est PACA, Provence-Alpes-Côte d’Azur, où Renaud Muselier a été devancé par Thierry Mariani au premier tour, ce sera un duel entre eux puisque la gauche s’est retirée au nom du «front républicain». Renaud Muselier est plutôt favori sur le papier mais on ne sait jamais, il peut y avoir une remobilisation de l’électorat du Rassemblement national, il peut y avoir une réticence de l’électorat de gauche à voter pour Renaud Muselier, cela peut être très serré au final. La deuxième région à regarder de près, ce sera les Pays de la Loire. Dans cette région, Christelle Morançais, la présidente LR sortante, est arrivée très largement en tête au premier tour. Malgré tout, elle sera dans une quadrangulaire qui peut réserver des surprises. La gauche s’est alliée face à elle, elle connaît une certaine dynamique. Sur le papier, leurs résultats ne sont pas très éloignés. La République en marche, menée par François de Rugy, s’est maintenue – il a obtenu 11,5 % au premier tour. Où ira son électorat ? Est-ce qu’il continuera à voter pour lui ou bien est-ce qu’il se répartira entre Christelle Morançais et Matthieu Orphelin, qui mène la liste de gauche. Dans quelle proportion si c’est le cas ? C’est une région qui sera à surveiller, où le résultat final peut être très serré. Xavier Bertrand, Valérie Pécresse ou Laurent Wauquiez : l’un des trois pourrait-il tirer son épingle du jeu en vue de la présidentielle ? Dimanche soir, à l’issue du second tour, Les Républicains devraient avoir trois candidats à la présidentielle solides. Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, tous les trois devraient remporter leur région. Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand haut la main, ils ont déjà fait des scores canons au premier tour, ils devraient le confirmer au second. Valérie Pécresse, de façon un peu plus resserrée, elle connaît une quadrangulaire qui est un tout petit peu plus tendue pour elle, mais elle devrait s’en sortir, elle avait amélioré sensiblement son score au premier tour par rapport à 2015. Ce seront trois candidats qui sont décidés à en découdre : Xavier Bertrand est déjà candidat officiellement, il ne veut pas passer par un système de départage qui pourrait être mis en place par Les Républicains. Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse ne se sont pas encore déclarés, ils pourraient le faire au lendemain des régionales. Dans l’entourage de Laurent Wauquiez, on fait savoir qu’il ne prendra pas sa décision avant la fin de l’été. Valérie Pécresse est un petit peu plus floue, peut-être qu’elle aura envie de rattraper un peu son retard sur Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand qui auront eu un meilleur résultat qu’elle et donc peut-être qu’elle aura envie de battre le fer tant qu’il est chaud pour essayer de refaire un peu son retard. Tous les trois mettront en avant les conditions dans lesquelles ils ont gagné. Xavier Bertrand a largement distancé le RN, il ne faut pas oublier que les Hauts-de-France, c’est la région de Marine Le Pen. Il a fait du Front national, comme il dit, son premier ennemi et il compte bien mettre cela en avant pour s’afficher dans la perspective de 2022 comme le meilleur rempart à Marine Le Pen. Laurent Wauquiez, lui, veut montrer que c’est en incarnant ses valeurs, en défendant les valeurs de la droite que l’on obtient les meilleurs résultats. Il a largement distancé le RN, il a largement distancé les macronistes. Il faut bien voir qu’au premier tour, le deuxième candidat arrivé derrière lui était distancé de trente points. Donc il veut montrer que c’est en étant solide sur ses valeurs qu’on l’emporte, un peu comme Nicolas Sarkozy en 2007. Et puis Valérie Pécresse, elle, veut faire la démonstration que c’est en allant chercher les électeurs macronistes qu’on l’emporte. L’Ile-de-France est une région dans laquelle Emmanuel Macron avait fait un très beau score en 2017. C’était là où il avait fait le plus gros score au niveau national. Et donc elle veut montrer que c’est en allant chercher les électeurs de droite qui ont été séduits par Emmanuel Macron qu’on l’emporte. Tous les trois mettront en avant ces différentes qualités, ces différentes stratégies pour l’emporter et on verra laquelle séduit le plus l’électeur de droite.
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