Saint-Aubin-en-Bray. Plus de 200 manifestants à l’appel de la FNSEA pour sauver la ferme Verschuere

par Oise Hebdo

Jeudi 30 décembre, plus de deux-cents personnes ont manifesté dans les rues de Saint-Aubin-en-Bray. Le défilé, à l’initiative de la FNSEA, a pour but de sauver la ferme Verschuere, spécialisée dans le traite laitière, en conflit juridique depuis dix ans. Six familles de riverains ont décidé de porter plainte pour nuisances olfactives et sonores. En 2018, la famille Verschuere est condamnée en première instance par le tribunal de Beauvais à verser aux plaignants la somme de 100 000 euros au titre des dommages et intérêts. «Le 4 janvier 2022, notre affaire passe en appel au tribunal administratif d’Amiens. Nous n’avions pas d’autre choix que d’aller en appel ! Verser les 100 000 euros signifie notre perte», indique le fils, Vincent, qui reprend l’exploitation avec sa mère Chantal. La famille est présente à Saint-Aubin-en-Bray depuis quatre générations. Au début des années 2010, elle entame des travaux de mise aux normes suite aux directives européennes. «Nous avons une salle de traite neuve, avec tout l’équipement pour réduire le bruit. En tout nous avons investi 600 000 euros. Mais le voisinage a continué de se plaindre...» Résultat, c’est pour défendre le monde rural que la FNSEA s’est mobilisée ce 30 décembre. «Une nouvelle condamnation en appel, et c’est tout le secteur qui risque d’être impacté par la jurisprudence. Beaucoup de fermes, en France, se trouvent en cœur de village», souligne Vincent. A 14h, tracteurs, agriculteurs, citoyens et élus prennent la route pour un tour de village, et passer devant la ferme. «On a jamais vu ça ici», témoigne Jean-Michel Duda, président de la communauté de communes du Pays de Bray. Tous fustigent le retard pris par la loi dite «de sauvegarde du patrimoine sensoriel». En d’autres termes, cette loi vise à défendre et protéger les bruits et odeurs de nos campagnes, et est censée être une réponse aux plaintes abusives déposées ces dernières années comme par exemple pour un coq qui chante. Or, bien que cette loi ait été promulguée, le décret l’officialisant n’a toujours pas été publié. «Ce qui est regrettable, car la justice aurait un élément sur lequel s’appuyer», souligne le sénateur Olivier Paccaud. «Arrêtez d’emmerder les ruraux !», s’emporte la présidente du conseil départemental Nadège Lefèbvre. «Et oui, à la campagne, il y a des vaches qui meuglent, des coqs qui chantent et des odeurs. Mais c’est comme ça et je regrette également l’absence de publication de ce fameux décret.» A noter que parmi les six riverains plaignants, deux ont déménagé et vendus leurs maisons. Les nouveaux propriétaires ne font pas de vagues, mais les anciens restent dans le collectif, «espérant bénéficier des dommages et intérêts», regrette Vincent. En fait de parcours, les agriculteurs sont unanimes. Ils vont suivre de près le procès du 4 janvier et la décision qui en découlera. Et assurent qu’en cas de nouvelle condamnation, «nous saurons être encore plus nombreux qu’aujourd’hui.» S.H.

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