Rugy, aux antipodes de Hulot pour un passage tout aussi éclair à l'Ecologie
par CNEWS
Dépêché pour prendre la suite de l'engagé et tourmenté Nicolas Hulot, François de Rugy fut un ministre de l'Ecologie autrement plus politique, pragmatique et policé. Un changement de style qui n'aura pas été synonyme d'une plus grande longévité au « ministère de l'impossible ». « Je suis ici pour agir pour l'écologie avec méthode, détermination et persévérance dans le temps », avait-il lancé début septembre lors de sa prise de fonction, à peine descendu du perchoir de l'Assemblée nationale pour suppléer le démissionnaire Nicolas Hulot.Ce temps qui a souvent manqué aux récents titulaires de ce portefeuille, souvent partis avant d'avoir pu imprimer leur marque, à l'image de Nicolas Hulot et avant lui de Delphine Batho ou Nicole Bricq. Rugy n'en aura pas eu davantage : il a démissionné mardi, après plusieurs articles de Mediapart.Le journal a d'abord épinglé ses dîners fastueux à l'Hôtel de Lassay lorsqu'il présidait l'Assemblée, réunissant des invités appartenant pour l'essentiel au cercle relationnel et amical de son épouse, Séverine de Rugy, journaliste au magazine Gala. Ont ensuite été pointés un logement HLM indûment occupé par sa directrice de cabinet, qui a été immédiatement limogée, des travaux faits dans l'appartement de fonction du ministère puis l'appartement du ministre près de Nantes. Cette sortie fracassante après plusieurs jours de flottement tranche avec un passage plutôt discret à l'Hôtel de Roquelaure. Le ministre était décrit par les ONG environnementales comme manquant de vision mais paradoxalement plus facile d'accès que son prédécesseur, pourtant lui-même issu du monde militant. Ecologie réformisteCe portefeuille ministériel était le premier pour l'ambitieux responsable de 45 ans, depuis toujours chantre d'une écologie réformiste. Seul écologiste de poids au sein de la majorité, il était apparu comme un choix logique pour remplacer Nicolas Hulot.Adhérent d'EELV depuis 1997, M. de Rugy a rompu en août 2015 avec ses camarades, critiquant leur « dérive gauchiste » et leur choix de ne pas participer au gouvernement de Manuels Valls.« Côté aristocratique »En 2017, après avoir participé à la primaire organisée par le PS et ses alliés pour la présidentielle, il a annoncé son ralliement à Emmanuel Macron, en dépit de son engagement à soutenir le vainqueur Benoît Hamon. « Je préfère la cohérence à l'obéissance », avait justifié le député, dont le parcours lui valu d'être qualifié par la députée LFI Clémentine Autain d' « opportuniste professionnel ».Devenu vice-président de l'Assemblée nationale après le départ de Denis Baupin en mai 2016, il a été élu au perchoir au début de la mandature. Une consécration pour ce diplômé de Sciences Po, ancien adjoint aux transports du maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, auquel il s'est opposé sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Au perchoir, il n'avait pas fait l'unanimité, en raison notamment de ses attaques contre les « multirécidivistes de l'absence ». Des inimitiés découlant, selon M. de Rugy, en partie de sa volonté de moderniser l'institution.Issu de la noblesse, et « assez souvent » attaqué sur son nom (patronyme complet: François Goullet de Rugy), selon son entourage, il n'a pourtant ni château, ni trésor et des parents enseignants.Encore récemment, le député LFI François Ruffin moquait son « côté aristocratique »: « Le château descend pour vous expliquer comment on va faire de l'écologie dans le pays... » Ce qui lui avait valu cette réplique cinglante du ministre : « Il m'attaque sur mon nom (...) Vous savez à qui il me fait penser ? A un fasciste ».
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