Rôle à l'Élysée, port d'arme, sanction... Ce qu'il faut retenir de l'audition de Benalla au Sénat.

par Kangai News

Rôle à l'Élysée, port d'arme, sanction... Ce qu'il faut retenir de l'audition de Benalla au Sénat. L'ancien collaborateur de l'Élysée est passé sur le gril des sénateurs, ce mercredi 19 septembre. Les questions-réponses, qui n'ont pas porté sur les événements du 1er mai pour ne pas empiéter sur le champ judiciaire, ont duré deux heures et demie. En voici le condensé. Cheveux plaqués, lunettes rondes et costard-cravate. Alexandre Benalla s'est présenté tiré à quatre épingles, ce matin, au Sénat. Dans le même appareil que lors de son interview sur le plateau de TF1, le 27 juillet dernier. Mais avec une quinzaine de minutes de retard. Son audition était particulièrement attendue, comme en témoigne la foule de journalistes présents au palais du Luxembourg. Sans les élus de La République en Marche, qui avaient décidé de boycotter le rendez-vous, le jeu de questions-réponses entre les sénateurs et l'ancien collaborateur de l'Élysée a duré deux heures et demie. Contrairement à ce que les observateurs imaginaient, le jeune homme a répondu à toutes les questions, qui ne portaient cependant pas sur les événements violents lors de la manifestation du 1er mai à Paris afin de ne pas empiéter sur le champ judiciaire. Souriant, disert, Alexandre Benalla a pris le soin de commencer la plupart de ses réponses par l'anaphore « pour être très précis ». Des réponses souvent méticuleusement détaillées, mais qui n'ont pas vraiment convaincu les sénateurs présents, qui ont exprimé leur déception après l'audition. Ouest-France vous résume les principales informations à retenir de ces échanges. Ses excuses aux sénateurs : « Je suis bien élevé » D'entrée, Alexandre Benalla, qui avait d'abord refusé d'être entendu, a présenté ses excuses au président de la commission d'enquête sénatoriale Philippe Bas (LR). La semaine dernière, il avait qualifié les sénateurs de « petits marquis » dans une interview sur France Inter. « Je suis bien élevé. Je voulais vous assurer de mon respect total, et vous présente mes excuses. On n'attaque pas les hommes », a-t-il déclaré à Philippe Bas, qui lui a répondu en « prendre acte ». « J'ai ressenti à un moment un acharnement médiatique, un acharnement politique, et j'ai eu l'impression qu'un certain nombre de personnes ont pu se servir des institutions de notre pays à des fins politiques et médiatiques », a explique Alexandre Benalla, exprimant son « profond regret ». Son rôle à l'Élysée : « Je n'ai jamais été le garde du corps de Macron » Il a ensuite détaillé son parcours et ses fonctions. « J'ai servi les institutions de mon pays depuis l'âge de 18 ans en intégrant la réserve opérationnelle de la gendarmerie nationale », a-t-il indiqué. « J'ai travaillé au service d'ordre du Parti socialiste où j'ai croisé un certain nombre d'entre vous que je reconnais dans cette salle. J'ai monté un étage de l'ascenseur social », a déclaré celui qui a aussi passé « un master 1 en droit à Clermont-Ferrand ». Pour la campagne présidentielle de 2016-2017, il a « été sollicité par un camarade qui avait rejoint La République en Marche » pour la logistique et l'organisation des déplacements. « Tout le monde m'a dit que j'étais un peu fou ». Mais « j'avais adoré l'expérience de la campagne présidentielle de 2012, c'est une expérience unique, a-t-il raconté. Quand j'ai rencontré le personnage, j'ai été séduit ». Les présentations faites, il a affirmé n'avoir « jamais été le garde du corps d'Emmanuel Macron ». Que ce soit pendant la campagne présidentielle ou après son élection. Cette question est au cœur des débats de la commission d'enquête sénatoriale qui cherche à connaître les fonctions exactes il occupait auprès du président. « Je n'ai jamais été ni policier ni garde du corps du président de la République », a-t-il insisté. « Mon statut, c'était chargé de mission, c'est-à-dire le niveau le plus bas », a ajouté Alexandre Benalla qui a dit avoir « divisé (s) on salaire par trois » en rejoignant l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron. Ses fonctions à l'Élysée étaient celles « d'organisation générale et de coordination générale de terrain ». « Ce que j'aime », a-t-il confié. Lors des déplacements privés du président de la République, « mon rôle était la coordination » et, par exemple, « aller faire une reconnaissance » dans un théâtre pour choisir sa place, « être son point de contact pendant la soirée », a-t-il illustré. Mais pourquoi peut-on le voir à de nombreuses reprises au plus près du président s'il n'est pas son garde du corps ont interrogé les sénateurs. « Quand vous êtes adjoint du chef de cabinet du président, il faut être auprès de lui tout le temps, vous êtes obligé d'être dans une proximité physique. Si j'étais à gauche, il (le garde du corps N.D.L.R) était à droite ou l'inverse », a-t-il rétorqué. Son port d'arme : « Une demande à titre personnel » Alexandre Benalla a ensuite répondu aux interrogations concernant le port d'arme dont il disposait, alors qu'il n'occupait officiellement aucune fonction de police. Ce port d'arme « n'était pas lié à la sécurité du président de la République », a-t-il avancé. Il a expliqué aux parlementaires avoir « fait une demande à titre personnel », « pour des motifs de défense et de sécurité personnels ». « Parce que quand vous êtes dans des fonctions à la présidence de la République, ou pendant la campagne présidentielle, on est exposé, on passe dans les médias, vous êtes identifié quand vous habitez dans le même endroit depuis huit ans, il peut vous arriver quelque chose », s'est-il justifié. « Il a pu arriver que j'aie eu une arme sur moi » lors des déplacements publics et privés du président, a-t-il toutefois convenu, en estimant que ce cas de figure était survenu « trois fois en un an ». « Je ne me baladais pas lors des déplacements du président de la République avec l'arme apparente », a-t-il ajouté. L'homme de 27 ans est apparu davantage en difficulté lorsque Philippe Bas lui a rappelé que la préfecture de police, dans sa décision de lui accorder un port d'arme, indiquait que « M. Benalla est chargé d'une mission de police dans le cas de son action de coordination de la sécurité de la présidence de la République avec les forces militaires et le GSPR » (Groupe de sécurité de la présidence de la République). « Alors il a bien fallu que la demande comporte une description de cette fonction ! », a fait observer Philippe Bas. « Cet arrêté a été rédigé par un service, qui s'appelle la direction de la police générale, et qui a essayé de faire rentrer mon cas qui n'est pas un cas conforme dans les clous », a répondu Alexandre Benalla. Selon lui, cette pratique était courante : « Michel Charasse, lorsqu'il était collaborateur de François Mitterrand, il disposait d'une autorisation de port d'arme : est-ce que Michel Charasse était le garde du corps de François Mitterrand ? Je ne le crois pas... », a-t-il lancé, suscitant la circonspection de la commission. Son badge d'accès à l'Assemblée : « C'était un caprice » La révélation de la possession par Alexandre Benalla de ce pass, estampillé « H » comme hémicycle, avait intrigué. « Je l'ai dit et je le reconnais, c'était un caprice personnel, c'était pour continuer à aller à la salle de sport, la bibliothèque, il n'y avait pas de demande particulière à avoir accès à toute l'Assemblée », a-t-il déclaré, reprenant une explication déjà donnée lors d'une interview au Monde. « D'ailleurs, je ne sais pas ce que j'aurais fait dans l'hémicycle, ma tête étant connue par un certain nombre de parlementaires », a-t-il ajouté. « Quand vous êtes collaborateur du président de la République, et que vous sollicitez un badge, de manière automatique, les services administratifs de l'Assemblée nationale vous délivrent un badge collaborateur d'Emmanuel Macron. Il est écrit dessus avec un H, parce que c'est le plus haut niveau d'accès, mais ce n'est pas une demande qui est analysée c'est un process automatique », a-t-il expliqué en réponse à une question du co-rapporteur socialiste de la commission Jean-Pierre Sueur. Le 21 juillet, la présidence de l'Assemblée avait indiqué avoir attribué à M. Benalla ce badge en juillet 2017. Elle avait alors précisé qu'à un « instant T », « deux membres du cabinet du président de la République peuvent être admis dans les couloirs d'accès à l'hémicycle et dans les tribunes au-dessus de chaque entrée dans l'hémicycle ». Sa sanction après le 1er mai : « Une humiliation » Après les événements du 1er-Mai que la commission n'était pas autorisée à évoquer, c'est le directeur de cabinet du chef de l'État, Patrick Strzoda, qui « [lui] a annoncé la sanction ». « J'ai été suspendu pendant quinze jours. Au retour des 15 jours de suspension, ma rétrogradation à la synchronisation des cortèges m'a été notifiée de manière verbale. J'ai vécu ça comme une humiliation », a-t-il confessé. Il a aussi précisé n'avoir plus « aucune activité professionnelle depuis qu'[il] a quitté l'Élysée » et la procédure de licenciement engagée contre lui fin juillet. « Pôle Emploi », a-t-il répondu, sourire en coin, à la question de savoir quel emploi il occupait actuellement. Balayant au passage les informations sur sa situation professionnelle qui ont pu être relayées dans les médias. Ses avantages : « Les 6 000 euros nets étaient ma rémunération totale » Les privilèges supposés d'Alexandre Benalla ont également fait l'objet de nombreuses questions de la part des sénateurs. La voiture de fonction ? « Je n'avais pas de véhicule attribué. L'Élysée dispose d'un parc automobile [...], on prend en fonction du besoin ». Des avantages en nature ? « Je n'ai (eu) aucun avantage en nature. Les 6 000 euros nets étaient ma rémunération totale. » Son appartement de fonction qu'il dit « n'avoir jamais occupé » ? À l'Elysée, « vous commencez à 6 h 30, vous arrivez à minuit-01h30 chez vous, vous avez un trajet de 20 minutes pour rentrer chez vous, vous ne voyez pas votre femme, votre fils. J'ai fait la demande [d'un logement] sur le tard », a-t-il affirmé. Il disposait par ailleurs d'un passeport diplomatique. « La délivrance de passeports diplomatiques est automatique pour l'ensemble des personnels qui peuvent être amenés à se déplacer avec le président de la République, pour une durée d'un an. » Le document a été renouvelé le 24 mai 2018, selon « la procédure classique », a-t-il avancé. « Ce n'est pas un passe-droit ».

Vidéo suivante dans 5 secondes

Autres vidéos

Liens commerciaux