Retour difficile à Alep, il faut reconstruire
par euronews-fr
Un mois et demi après la chute des quartiers rebelles d’Alep, ceux qui ont choisi de rester ou ceux qui sont revenus, survivent dans des immeubles éventrés et un froid mordant. Ils manquent de tout : eau courante, électricité, nourriture. Le quartier de Kalasa, dans la partie est d’Alep, offre un paysage lunaire. Avant la guerre civile en Syrie, Alep était la ville la plus peuplée du pays avec deux millions d’habitants (2005). Entre les mains des rebelles, le quartier de Kalasa a subi les bombardements de l’armée, les frappes russes, jusqu‘à décembre dernier et la victoire du régime. Avant le conflit, la petite rue étroite Al Mouassassi était ornée de commerces, d’immeubles aux façades empierrées, et abritait des habitants de la classe moyenne et ouvrière. Aujourd’hui, seulement cinq familles vivent dans cette rue. Eymad Batash en fait partie. Son père, militaire à la retraite, avait construit une de ces maisons pour ses enfants dans les années 80 : “Le premier obus de mortier a frappé le cimetière au début de la guerre. C’est alors que les gens ont eu peur parce que c‘était la première fois qu’ils entendaient des mortiers. La plupart des gens sont partis à ce moment-là et nous les avons suivis quelques jours plus tard. Nous sommes partis pendant deux mois puis nous sommes revenus et restés là jusqu‘à maintenant. Nous nous sommes habitués à la guerre.“ Sa soeur Heyam Batash avait fui les bombardements et le harcèlement des rebelles pour se réfugier avec ses enfants et petits enfants à Hamdaniyeh, un des quartiers ouest d’Alep tenu par le gouvernement. Elle est revenue depuis peu, et ne s’attendait pas à voir de telles destructions. Elle s’est installée avec sa fille et ses petites-filles dans deux pièces du rez-de-chaussée, avec pour portes des bâches plastiques : “Nous utilisons du bois pour le chauffage, nous recevons de l’aide. Nous recevons du pain tous les jours et nous vivons comme ça. J’espère que nos conditions vont s’améliorer, et grâce à Dieu, que nous emporterons la victoire sur ces terroristes, j’espère que le pays redeviendra ce qu’il était avant.“ La famille Batash n’est pas politiquement engagée, mais elle a penché en faveur du régime, car plusieurs de ses membres avaient appartenu à l’armée. Le ralliement d’un des cousins aux rebelles a distendu les rapports familiaux, aigri certains. L’histoire de cette famille est celle de nombreux Syriens déchirés par la guerre. Aujourd’hui aussi divisée que l‘était encore Alep il y a deux mois, elle va devoir elle aussi se reconstruire… D’après Reuters
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24 novembre 2024 - leparisien