REPORTAGE. Au cœur d’un service d’experts au chevet des personnes brûlées au CHU de Nantes
par Presse Océan
Des adultes et des enfants de tout l’Ouest sont pris en charge au centre de traitement des brûlés du CHU de Nantes, l’un des huit référents en France. Consultations, hospitalisation conventionnelle, réanimation : rencontre avec les équipes.Dans la salle de consultation, le pansement de Pierrette, qui s’est brûlée à la cuisse, est enlevé. Les professionnels autour d’elle sont confiants. La greffe de la peau prise sur une autre partie de la cuisse semble parfaite. « On va tout faire pour que vous ayez la meilleure des cicatrices », la rassure Pr Perrot, chef du service et responsable du traitement des brûlés adultes et enfants de l’Hôtel-Dieu du CHU de Nantes.« J’étais assise avec un plaid. Ma bouillotte a fui… », explique la dame de 82 ans. « Je mets de la crème sur la greffe et la prise de greffe qui fait aussi mal. Je porte un manchon comprimant la peau… Cela va traîner mais je suis bien suivie. »▶ Lire aussi : « Les brûlures font mal, la prise de greffe aussi » selon ce chef étoilé brûlé à 20 %Les greffes sont réalisées en prélevant une partie de la peau du patientDans ce service du CHU, les équipes gèrent des brûlures très différentes. Des plus légères aux très graves. « Cela peut arriver à tout le monde », ajoute le chef de service. Sur le même étage, d’un côté, l’hospitalisation conventionnelle (13 lits, 250 hospitalisations par an) et aussi le secteur chargé des consultations régulières (2500 par an). De l’autre, la réanimation avec des six chambres pour les plus gravement touchés. Ici, dans ce couloir aux murs rouges, des soignants s’activent et soignent des patients très atteints avec de nombreux bandages sur le corps. Ils sont près de 80 à passer chaque année dans ce service de réanimation.Chaque parcours de soins est spécifique. « La prise en charge des brûlés est relativement à l’ancienne avec des séjours longs. La durée moyenne est d’environ un mois voire plus pour des grands brûlés. C’est une dizaine de jours pour les cas plus légers », indique Pr Perrot. « Par exemple, un patient, qui est déjà venu, est de nouveau là depuis quatre mois. Il aura passé quasiment un an chez nous pour une brûlure extrêmement grave. Il a besoin de soins très spécifiques. »▶ Lire aussi : « Un tiers des brûlés sont des enfants de moins de 5 ans » au CHU de NantesUn travail d’équipeIci, le travail d’équipe prend tout son sens avec les chirurgiens, anesthésistes, infirmières, aides-soignantes, kinés, etc. « Quand il y a une brûlure, pendant les premiers jours, on va faire des pansements pour voir si elle est chirurgicale ou si elle va guérir toute seule. Au bout d’une dizaine de jours, on se pose la question de l’opération. S’il faut opérer, on réalise une greffe de peau qu’on prend sur la face aiguë d’une brûlure, note Pr Perrot. Quand le brûlé est atteint sur une grande surface ou qu’il a respiré des fumées, il peut être mis en réanimation. Il faut alors gérer les autres problèmes médicaux. C’est du ressort des anesthésistes-réanimateurs. »En cas de greffe, seule la peau du patient peut aujourd’hui être utilisée. « Il y a d’autres solutions qui sont temporaires ou améliorant la greffe. Rien ne peut remplacer la peau du patient. C’est une opération délicate si la surface brûlée est très importante. Au-delà de 50 à 60 % de brûlures, le rapport entre ce qui reste à prélever et ce qu’on a besoin de greffer peut basculer. » La peau prélevée « peut être agrandie artificiellement. On peut faire des mailles. Mais cela a ses limites ».Un vrai travail de toute l’équipe mobilisée 24 heures sur 24.Des critères à prendre en compteComment juger de l’état d’une brûlure ? « C’est la surface, la profondeur, la cause et la localisation qui vont définir la gravité. On rajoute aussi le contexte psychologique et social du patient. Ce n’est pas pareil si vous êtes brûlé à 15 % et que vous vivez dans un logement avec des proches autour de vous que d’être brûlé à 5 % en vivant dans un squat, ce qui permet alors plus difficilement de laisser repartir le patient », indique le Pr Perrot. Les causes, elles, sont multiples. Il y a les accidents domestiques. Après les brûlures avec le poêle l’hiver, celles avec les barbecues commencent. Il y a aussi les accidents du travail, – néanmoins en baisse –, les accidents de la circulation, les usages inadaptés de cuisson ou de chauffage, les accidents électriques et tant d’autres.
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