Réformes des retraites : en 1995, les ingrédients qui ont fait reculer le gouvernement
par Huffington Post
POLITIQUE - C’est du jamais vu depuis 1968. En novembre 1995, la réforme des retraites d’Alain Juppé fait descendre dans la rue jusque 2 millions de personnes. Une victoire de la rue inédite, aux ingrédients bien spécifiques, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. Le 15 novembre 1995, Alain Juppé présente le plan Juppé, un plan d’économies avec pêle-mêle, une hausse des tarifs d’accès à l’hôpital, le déremboursement de médicaments mais pas seulement. « Au nom de la justice, nous engagerons la réforme des régimes spéciaux de retraite », annonce le Premier ministre à l’Assemblée nationale. Juppé souhaite un allongement de la durée de cotisation pour les fonctionnaires, les salariés d’EDF, de la SNCF, de la RATP ou encore de la Poste, comme ce qui a été fait pour les salariés du privé deux ans plus tôt. Et là, ça ne passe pas. La colère monte vite, et s’organise vite. Les syndicats, peu consultés, tombent de leurs chaises, tout comme les Français qui ont élu Jacques Chirac pour sa promesse de campagne, c’est-à-dire la lutte contre « la fracture sociale » … et pas contre le déficit. La coagulation des luttes À l’époque, les syndicats sont beaucoup plus puissants qu’aujourd’hui, et s’unissent dès le début pour organiser, le 24 novembre, la première manifestation à Paris. Et même si le front syndical finit par s’effriter au fur et à mesure du combat, la coagulation de plusieurs conflits dans le mouvement rassemble les Français. Cette réforme des retraites n’est pas le seul dossier explosif du moment : quelques mois plus tôt, Alain Juppé a annoncé le « contrat plan entre la SNCF et l’État », qui prévoit la suppression de plusieurs milliers de km de chemin de fer et qui met donc les cheminots en rogne. Ce sont donc les cheminots, agents de la Poste, de la RATP, enseignants, salariés du privé et étudiants marchent main dans la main contre le plan Juppé. Pendant trois semaines, le pays est totalement paralysé, les services publics ne sont plus assurés. À Paris, les transports sont à l’arrêt, d’autant qu’à l’époque, les grévistes ne sont pas obligés de se déclarer 48 heures à l’avance. On met donc des heures pour arriver au travail ou rentrer chez soi, en voiture, en stop, à vélo, ou à pied. « La grève par procuration » Mais ce qu’Alain Juppé ne voit pas venir à l’époque, c’est la solidarité des Français avec le mouvement, un phénomène qu’on appelle alors la « grève par procuration ». Un paramètre essentiel qui fait durer la mobilisation, avec un pic le 12 décembre. Trois jours plus tard, Alain Juppé annonce l’abandon de la réforme des retraites et le gel du contrat plan avec la SNCF. Les grévistes crient victoire et cet épisode reste un traumatisme pour la droite. Aujourd’hui, Alors qu’Élisabeth Borne a présenté sa réforme des retraites, les syndicats sont unis contre ce projet, la gauche appelle à descendre dans la rue, les sondages montrent que les Français sont très majoritairement contre… De quoi rééditer l’épisode de 95 ? Réponse dans quelques semaines. ----- Abonnez-vous à la chaîne YouTube du HuffPost dès maintenant : https://www.youtube.com/c/lehuffpost Pour plus de contenu du HuffPost: Web: https://www.huffingtonpost.fr/ Facebook: https://www.facebook.com/LeHuffPost/ Twitter: https://twitter.com/LeHuffPost Instagram: https://www.instagram.com/lehuffpost/ Pour recevoir gratuitement notre newsletter quotidienne: https://www.huffingtonpost.fr/newsletter/default/
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