Réforme du collège : la majorité dénonce les propos «xénophobes» de Sarkozy
par Libération
«Dans le combat contre la médiocrité, [Christiane Taubira] est en passe d'être dépassée par la ministre de l'Education nationale». C'est ce qu'a déclaré Nicolas Sarkozy lundi soir, en parlant de la réforme du collège. Des propos qui ne passent pas au sein de la majorité, qui n'hésite pas les taxer de «xénophobie». La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a tenue à répondre la première au président de l'UMP. «Quand on s'est acharné à saccager l'école, en supprimant 80 000 postes d'enseignants, en supprimant la formation des enseignants, [...] on a aucune leçon à donner», a-t-elle lancé mardi, peu avant une séance à l'Assemblée nationale. Lors des questions, la fronde UMP a repris de plus belle. Interpellé par le député UMP Bruno Le Maire, Manuel Valls est sorti de ses gonds. «Vous avez bien raison de ne pas parler d'attaque personnelle», a-t-il lancé. «Mais les attaques personnelles, moi, je les ai entendues à la une des quotidiens les plus réactionnaires. Je les ai entendues hier soir dans la bouche du président de votre formation contre la ministre de l'Education nationale, avec des mots insupportables». Un avis partagé par Jean-Christophe Cambadélis, qui n'hésite pas à aller plus loin encore. Le premier secrétaire du Parti socialiste a affirmé mercredi matin sur RTL que la phrase prononcée par Nicolas Sarkozy a «une certaine connotation». «Madame Taubira a été attaquée à cause de la couleur de sa peau. Et Madame Belkacem est attaquée pour quoi ? Parce qu'elle s'appelle Madame Belkacem», a-t-il constaté. «Je pense que [l'attaque de Nicolas Sarkozy] est légèrement xénophobe». Sur BFM TV, le ministre des Finances, Michel Sapin, juge bon d'en remettre une couche. «Si Nicolas Sarkozy a mis dans une même phrase et dans des termes injurieux la ministre de la Justice et la ministre de l'Education nationale, ce n'est pas par hasard». «C'est une ministre de la Justice qui a une couleur de peau et c'est une ministre de l'Education nationale qui porte un nom», a-t-il avancé. Tout aussi protecteur, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a estimé mercredi que les propos de Nicolas Sarkozy «visent à pointer du doigt deux ministres, femmes, issues de la diversité, qui réussissent, soutenues par la majorité» est «minable» . «Je ne sais pas si, comme le Premier secrétaire du Parti socialiste l'a dit, cela est légèrement xénophobe. Je préfère ne pas le penser.»
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