Réforme des retraites: «Emmanuel Macron tiendra mais Edouard Philippe est moins droit dans ses bottes», analyse Catherine Nay
par Lopinionfr
Peu de journalistes ont une expérience comme la sienne, ont côtoyé autant de personnalités politiques et ont si bien raconté le décor, et son envers. Catherine Nay publie Souvenirs, souvenirs, un retour sur expérience qui permet de comprendre un peu la France d’aujourd’hui. Ce jeudi 5 décembre marque le début de ce que les syndicats espèrent être une grande crise sociale. Au travers de dizaines d’années, quel est le souvenir le plus fort sur la confrontation entre l’univers politique et l’univers social pour Catherine Nay ? « Mai 68 a été la grande crise, d’abord parce que personne ne l’avait vue venir, témoigne la journaliste. C’était les 30 glorieuses, il y avait 300 000 chômeurs, les jeunes trouvaient du travail en sortant de l’université et il y avait au pouvoir, Charles de Gaulle et Georges Pompidou qui étaient très forts dans les sondages et on avait l’impression que leur entente était très établie. Ce qui est extraordinaire, poursuit -elle, c’est que ça a commencé comme un feu de broussailles à Nanterre, et en 15 jours le pays était complètement arrêté, on n’a jamais vu un blocage pareil ! » Comment les hommes politiques ont-ils réagi face à cet emballement populaire ? « La première conséquence a été le départ du général de Gaulle, et un changement de société ». Durant la crise, Pompidou et de Gaulle n’avaient pas la même lecture des événements. « Les forces de l’exécutif ont été séparées pendant 18 jours. (...) Le général de Gaulle était prêt à tirer sur la foule ! » Beaucoup de gens ont les grèves de 1995 en tête en cette journée de mobilisation du 5 décembre. Quelle a été l’attitude de Jacques Chirac à cette époque ? « Il avait déconseillé à Alain Juppé de s’attaquer aux régimes spéciaux, rapporte Catherine Nay. Ça a vite dégénéré (...) et tout le monde conseillait à Alain Juppé de lâcher, ce qu’il a fini par faire. Jacques Chirac n’imposait rien mais il lui conseillait de lâcher, Chirac a toujours pensé que quand il y avait un problème, il fallait lâcher et donner. Depuis mai 68, c’était quelqu’un qui n’avait qu’une peur, que les jeunes soient dans la rue. » Emmanuel Macron ira-t-il jusqu’au bout de sa réforme des retraites ?[px_nbsp:nbsp]« Oui, il tiendra, répond Catherine Nay, mais Edouard Philippe est moins droit dans ses bottes que lui ». Lorsqu’elle a embauché Catherine Nay à l’Express, Françoise Giroud lui avait, paraît-il, dit : « Si vous voulez comprendre un homme politique, allez voir sa mère ! ». Aujourd’hui, si on veut comprendre un homme politique, est-ce qu’il faut voir comment il se comporte dans les crises sociales ? « Oui, aussi, répond Catherine Nay. Il faut voir comment il se comporte avec sa femme, avec sa mère, le connaître dans sa vie privée. Ce sont les clés de son caractère. »
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