Réforme de la fonction publique : « Un sujet brûlant », prévient Jean-Claude Mailly (Force ouvrière)
par L'invité des Echos
Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a répondu aux questions de l'émission « L'Invité des Echos. » Interview réalisée par Olivier Harmant. « Plan de départs volontaires ». L'expression employée par le ministre de l'Action et comptes publics lors de la présentation de sa réforme de la fonction publique passe mal. Pourtant, dans une interview aux Echos du 7 février, Gérald Darmanin confirme de nouveau un « plan de départs volontaires. » « Aujourd'hui, ce n'est pas possible compte tenu des règles statutaires de faire ce type de processus. (...) Je pense qu'il y a une opération de com', tout le monde a sauté là-dessus, et on ne parle pas du reste. Je considère que c'est mettre de l'huile sur le feu », selon Jean-Claude Mailly, qui s'exprime dans l'émission « L'Invité des Echos. » Le secrétaire général de Force ouvrière révèle même que l'expression « plan de départs volontaires », n'était pas évoquée lors de ses échanges avec le gouvernement. « Ce n'était ni dans les coups de fil préalables, ni dans la lettre que nous avons reçue », indique-t-il. « La fonction publique d'une manière générale est un sujet brûlant. Et je vais encore dire une fois que l'on prend le dossier par le mauvais bout. Il faut définir les rôles et les missions du service publique : tous les présidents successifs s'y sont engagés, aucun ne l'a fait, comme s'ils avaient peur de dire clairement les choses. Donc je crois que cela va être un sujet de tension. » Dans ce contexte, une mobilisation est prévue dès le 22 mars à l'appel de sept syndicats. Cette réforme s'inscrit notamment dans la volonté d'Emmanuel Macron de réduire de 120.000 postes de fonctionnaires les effectifs de la fonction publique (50 000 pour l'Etat et 70 000 dans les collectivités territoriales), conformément à sa promesse de campagne. Une promesse irréalisable selon le secrétaire général de FO. « D'après ce que l'on me dit, 50.000 dans la fonction publique d'Etat, c'est impossible », répond Jean-Claude Mailly. Enfin, au sujet d'une rémunération au mérite des fonctionnaires, également évoquée par le gouvernement dans le cadre de cette réforme, Jean-Claude Mailly déclare : « Je ne crois pas un seul instant au mérite individuel dans la fonction publique. Il y a une notion collective dans la fonction publique. (...) On ne peut pas calquer le mode de gestion privé au mode de gestion public. » Lors de l'interview, Jean-Claude Mailly revient également sur l'annonce par le Premier ministre de désocialiser les heures supplémentaires. Dans un Facebook Live, Edouard Philippe a évoqué ainsi la possibilité d'alléger les cotisations sociales pesant sur le travail, contrairement à Nicolas Sarkozy qui, en 2007, préférait le levier de l'impôt avec une défiscalisation. Plus largement, « je suis inquiet sur l'avenir des comptes sociaux. Dans la loi de programmation des finances publiques jusqu'en 2022, il est indiqué que 30 milliards d'euros vont être la contribution des organismes sociaux à la réduction de la dette publique. C'est-à-dire que l'on va faire payer la protection sociale (...) Certains évoquent même la fusion entre la loi de finance (le budget, NDLR) et la loi de financement de la sécurité sociale... La « bercysation » de l'économie française », dénonce Jean-Claude Mailly.
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