«Quoi qu’il en coûte»: fini la bamboche dépensière !
par l'Opinion
Selon le Haut conseil des finances publiques, il n’y a pas que les dépenses de crise qui ont augmenté en 2021. Les dépenses courantes, elles aussi, ont explosé. L’analyse de Raphaël Legendre, journaliste au service économie de l’Opinion La sortie de crise s’accélère. Depuis jeudi, vous pouvez sortir à l’extérieur sans masque et dimanche on dira « bye bye » au couvre-feu avec lequel on vit depuis près de huit mois. Ce retour à la quasi-normale dans nos conditions de vie, il va falloir aussi l’appliquer à nos finances publiques et notamment à nos dépenses publiques. Cela fait maintenant quinze mois que nous vivons sous le règne du « quoi qu’il en coûte » et que la contrainte budgétaire a totalement disparu mais la fête est finie. Mais la fête est finie. D’ici septembre, le robinet des mesures d’urgence devra être coupé et au gouvernement on commence à faire le bilan de ces quinze mois de « quoi qu’il en coûte ». Mercredi, le ministre délégué aux Comptes publics, Olivier Dussopt, était à l’Assemblée nationale pour faire voter la loi de règlement 2020, c’est-à-dire le bilan financier de l’Etat l’année dernière. Qu’y a-t-on appris ? Notamment que l’activité partielle a profité à un million d’entreprises et à plus de huit millions de salariés. C’est énorme mais la facture, elle aussi, est énorme avec 35 milliards d’euros dépensés à parité entre l’Etat et l’Unédic. Le fonds de solidarité quant à lui a été modifié à onze reprises durant la crise et a engagé 30,5 milliards d’euros depuis mars 2020. Ça a aidé près de 10 millions d’entreprises sans compter les exonérations de charges fiscales ou sociales qui dépassent largement les 20 milliards d’euros aujourd’hui. Bref, comme dirait l’autre, un pognon de dingue mais qu’il fallait dépenser, ça en valait la peine. D’ailleurs la Cour des comptes a remis cette semaine à Emmanuel Macron un rapport sur la stratégie de finances publiques en sortie de crise, indiquant que l’effort mis en place durant la crise avait été peu ou prou équivalent en France par rapport à nos voisins européens. Ni trop, ni trop peu. Le hic, c’est qu’il ne va pas être facile de sortir de l’esprit «quoi qu’il en coûte». Et comme l’a noté très récemment le Haut conseil aux finances publiques, il n’y a pas que les dépenses de crise qui ont augmenté, les dépenses courantes, elles aussi, ont explosé. Plus 19 milliards en 2020, c’est à peu près la croissance que l’on connaît chaque année ; une croissance normale. Par contre, cette année, les dépenses courantes, c’est-à-dire hors crise, vont augmenter de 41 milliards, deux fois plus qu’à l’accoutumée. Or, comme l’indique la Cour dans son rapport, la croissance ne suffira pas à réduire notre dette à moyen terme. Pour cela, il va falloir opérer dès 2023 une maîtrise de la dépense. Une dépense qui, avant crise, était déjà supérieure de 200 milliards d’euros, en France, à la moyenne de ce que peuvent dépenser des pays homologues en Europe ; en Allemagne, en Italie ou en Espagne. Pour cela, cinq politiques publiques à la fois dispendieuses et peu efficaces sont ciblées par la Cour des comptes. La politique du logement qui coûte deux fois plus cher en France que la moyenne des autres pays européens. Mais aussi les politiques de l’emploi, de l’assurance maladie, les minima sociaux qu’il faut rationaliser et enfin et surtout les retraites. Autant de sujets qui sous une forme ou une autre se retrouvent aujourd’hui sur le bureau du président de la République et qu’on retrouvera à n’en pas douter durant la campagne présidentielle.
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