En 1999 déjà, notre ancien collaborateur Philippe Cohen, décédé en 2013, écrivait dans un livre à l'analyse inquiétante que face à la montée de l'insécurité sociale et urbaine, « nos dirigeants seront bientôt confrontés à un choix radical : protéger ou disparaître ». Cette élection ne lui a jamais donné autant raison.
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Tous protectionnistes ? Pouvoir d'achat, retraites, précarités… quels sont les dénominateurs communs pour résumer le thème du second tour, sinon ce consensus, que la « protection » des Français est imminente ? Lors de l'élection présidentielle, répondra-t-on en premier ? C'est la ligne idéologique constante de Marine Le Pen, peut-on contester ? Bien sûr, mais il y a quelque chose de spécial dans cette élection. Le premier est son contexte historique. Le retour de la fameuse "tragédie de l'histoire" - formule dépassée, mais avec le don d'unir les gilets jaunes, la crise sanitaire et la guerre d'Ukraine sous le même nom - a rempli la fonction principale de revenir à l'état d'avant. stade : son effet protecteur.
Protéger !
« Protéger, protéger, protéger. » Emmanuel Macron lui-même, jadis apôtre qui valorisait l'idée d'aventure personnelle au nom de la réussite, est déterminé à le faire. L'énumération provient d'un tweet du 9 novembre du président, dans lequel il résumait l'esprit de son discours ce jour-là, dans lequel le mot "protéger" était utilisé neuf fois. Mais depuis la crise sanitaire, la rhétorique est plus globalement à la Macron - car il incarne ce tournant, transmis "tout ce qu'il faut" aux générations futures - et plus encore depuis l'invasion par la Russie de son voisin ukrainien.
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Qu'on pense que ce changement idéologique a quelque chose à voir avec le cynisme stratégique du président, ou relève d'une prise de conscience - comme le croit Jean-Pierre Chevènement dans notre chronique Lui confirmant son soutien car "l'Emmanuel Macron de 2022 n'est plus l'Emmanuel Macron de 2017 " - il n'en demeure pas moins que le chef de l'Etat n'a peut-être pas le choix : il doit protéger ou disparaître. C'est l'argument d'un livre, malheureusement mal compris du public, qui aurait permis à notre classe politique de comprendre l'équation il y a plus de deux décennies sans en arriver là où nous en sommes, et les infirmières diplômées se tiennent aux portes du pouvoir. Protéger ou disparaître. Elites Facing Growing Insecurities par notre regretté collaborateur Philip Cohen en 1999. A l'heure des émeutes de banlieue, du référendum de 2005, de la crise économique, du populisme et du vote Le Pen, le consensus selon lequel la société est ouverte au mouvement dans tous les pays n'a pas été rompu
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