Pourquoi Marine Le Pen reste une candidate d'extrême droite

par Huffington Post

Si la candidate du Rassemblement national a adouci son image, son parcours, son programme et ses idées restent marquées à la droite de la droite. A trois jours du premier tour de l'élection présidentielle 2022, les écarts se resserrent, et la Macronie regarde avec inquiétude la progression de la candidate RN. De sondages en sondages, Marine Le Pen observe une dynamique positive, y compris dans les projections de second tour face à Emmanuel Macron. Pour de nombreux observateurs, la députée du Pas-de-Calais récolte les fruits de la dédiabolisation.  Un effet accentué par la campagne très radicale d’Éric Zemmour, qui a contribué Marine Le Pen à adoucir son image quand son concurrent n’en finissait plus de se marginaliser à l’extrême droite. Cela signifie-t-il que la présidente -en congé- du Rassemblement national a définitivement quitté son écosystème politique? Héritage politique Premièrement, la candidate s’inscrit dans une histoire, celle du Front national, issu notamment du mouvement nationaliste Ordre Nouveau. Une formation politique d’extrême droite familiale… qui n’a connu que deux présidents en 40 ans: Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen. Lors de son accession à la présidence en 2011, l’héritière veut dédiaboliser un parti au sein duquel évoluent trop de profils sulfureux, ouvertement racistes, antisémites ou révisionnistes. Mais à chaque élection, la presse exhume les propos racistes d’un candidat se présentant sous les couleurs RN, y compris lors des dernières régionales. Si Marine Le Pen s’est efforcée d’adoucir son image et de faire le ménage dans son parti, celui-ci à toujours attiré des profils venant des différents courants de l’extrême droite, du Gud à Génération identitaire, deux organisations de jeunesse aujourd’hui dissoutes.   Un programme d’extrême droite Second point, le programme. Sur l’immigration par exemple, Marine Le Pen propose exactement la même chose qu’Éric Zemmour, mais sans utiliser la notion très controversée de “Remigration”. Expulsions, préférence nationale, suppression du droit du sol… La candidate RN n’a rien à envier au polémiste. Elle entend inscrire dans la Constitution une disposition interdisant “l’installation d’un nombre d’étrangers” qui serait “de nature à modifier la composition et l’identité du peuple français”. Soit une allusion directe à la théorie raciste du Grand remplacement, bien qu’elle en récuse le terme. Le Monde a récemment démontré dans un article fouillé comment la réalisation de ses promesses se ferait en contradiction avec plusieurs de nos principes fondateurs, dont l’égalité de tous en droit héritée de la Déclaration de 1789. Une vision du monde Enfin, la vision du monde de la candidate RN. Avec les discriminations légales qu’elle entend instaurer, Marine Le Pen défend une vision organiciste de la société. C’est-à-dire, une Nation uniforme menacée par des corps étrangers, ce qui est une caractéristique des discours d’extrême droite. Méfiance envers les élites, mépris pour les syndicats, défiance à l’égard de la presse (voire pire lorsque des journalistes sont privés de meetings ) … Marine Le Pen agrège aussi d’autres marqueurs qui sont ceux de ce courant politique, à l’image de la complaisance envers les régimes et dirigeants autoritaires, comme c’était le cas il y a encore quelques semaines à l’égard de la Russie de Poutine. Marine Le Pen a par ailleurs souvent salué la victoire de dirigeants d’extrême droite à l’international, à l’image de Bolsonaro au Brésil ou de Salvini en Italie.

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