Pourquoi la Pologne rebascule à droite
par lejdd
Après avoir gagné la présidentielle au printemps dernier, le parti conservateur polonais du Droit et de la Justice est donné grand favori pour remporter les élections législatives du 25 octobre. Issu de l’aile droite du syndicat Solidarité de Lech Walesa, il risque de poser problème aux européens et au couple franco-allemand. http://www.lejdd.fr/International/Europe/VIDEO-Pourquoi-la-Pologne-rebascule-a-droite-755623 En mai dernier, personne n’avait vu venir Andreij Duda, un jeune avocat nationaliste de 43 ans, sous-estimé par ses adversaires centristes et libéraux mais qui finit au second par rafler la présidence avec trois points d’écart face à son rival. Avec la chambre basse et sénat, le parti du Droit et de la Justice devrait donc, la semaine prochaine, disposer des deux pouvoirs exécutifs et législatifs. La leçon est cruelle pour la plateforme civique, le parti de centre-droit qui dirigeait le pays jusqu’à présent, dans la mesure où les performances économiques étaient là. Entre 2005 et 2014, la Pologne a accumulé 46 points de croissance. 6ème économie européenne, la Pologne n’en demeure pas moins handicapée par un chômage de masse, près de 14% de la population dont la moitié de longue durée. Le social, la concurrence européenne, la crise des migrants, la peur de la Russie, sont autant de facteurs qui peuvent expliquer la prochaine victoire totale de la droite à Varsovie. Et comme la Pologne est devenue un pays essentiel au sein de l’Union européenne, il est à craindre que la droite dure au pouvoir donne du fil à retordre à tous ceux qui veulent poursuivre en Europe la voie de l’intégration. Si l’on regarde de près le programme du parti du Droit et de la Justice, on est frappés par l’ampleur des promesses de campagne qui se montent à plus de 50 milliards d’euros. La candidate au poste de premier ministre, Beata Szydlo, demande que la Pologne soit traitée d’égal à égal et veut défendre les intérêts de l’économie polonaise, ce qui fait craindre une attitude protectionnisme. Face aux migrants, elle va encore plus loin que le gouvernement centriste actuel : pas question qu’on nous impose quoi que ce soit. Quant aux relations avec la Russie, par solidarité avec l’Ukraine, elles devraient être encore plus dures qu’aujourd’hui, ce qui pourrait poser problème lorsque l’Europe débattra de la levée des sanctions à l’égard de Moscou au début 2016, ce qui n’arrangera pas les affaires de Paris et Berlin qui plaident pour un apaisement progressif. Bref, à l’heure où la Pologne, voisine de l’Ukraine, devient centrale pour faire baisser la dépendance énergétique des européens par rapport à la Russie de Vladimir Poutine, les européens vont devoir trouver des compromis avec cette nouvelle Pologne, de plus en plus nationaliste et populiste.
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