Pourquoi la chute d’Olivier Duhamel fait trébucher Sciences Po

par l'Opinion

Les accusations d’inceste portées par sa belle-fille Camille Kouchner dans son livre La familia grande ont poussé Olivier Duhamel à quitter la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques. Purement privée, cette affaire d’inceste provoque cependant une onde de choc au sein de l’institution. Parce qu’Olivier Duhamel est l’incarnation de Sciences Po. Son cours sur les institutions politiques, qu’il donnait depuis des décennies, est un classique de l’école. Et puis Olivier Duhamel - un homme pas commode, volontiers bougon et péremptoire, mais aussi souvent charmeur - était une figure connue avec ses interventions sur Europe 1, LCI, sa présidence du club influent le Siècle. En fait, il réunissait solidité intellectuelle - celle du grand professeur, du constitutionnaliste reconnu - et surface médiatico-politique. Tout ce dont on rêve a priori à Sciences Po… Les accusations d’inceste, sa face très, très sombre dans le livre de sa belle-fille Camille Kouchner, La familia grande, provoque donc un vrai traumatisme. De plus, cette «affaire Duhamel» n’intervient pas n’importe où, n’importe quand. Depuis 2012, lorsque son directeur, Richard Descoings, a été retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel à New York, Sciences Po traîne une image sulfureuse. On y chuchote sur les affaires de mœurs. ​ Plus généralement, l’école ne laisse pas indifférent : on l’adore ou on la déteste ! On adhère aux réformes lancées par Richard Descoings. On applaudit la marche forcée dans la mondialisation de l’enseignement supérieur. Ou au contraire, on regrette l’élitisme bien élevé qui a longtemps été la marque de l’Institut d’études politiques. Bref, Sciences Po fait toujours beaucoup parler. D’autant que sa porosité avec le monde politique est évidente. Chirac mais aussi François Hollande et Nicolas Sarkozy y ont fait leurs études, pour ne citer qu’eux. Enfin, cette affaire Duhamel éclate alors que le mouvement #MeToo continue d’imprimer sa marque. D’ailleurs, #MeTooInceste a suscité des milliers de témoignages en quelques jours. Au point que le gouvernement s’interroge aujourd’hui sur la façon de canaliser et de répondre à cette « libération de la parole ». Donc, pour résumer, il y a tous les ingrédients : une institution prestigieuse mais souvent regardée de travers, jalousée. De grands fauves de la politique et des médias qui gravitent autour et une affaire d’inceste, purement privée, mais qui éclabousse une école qui a déjà été le théâtre de pas mal de scandales. Marie-Amélie Lombard-Latune, journaliste au service politique, explique pourquoi la chute d’Olivier Duhamel fait trébucher Sciences Po.

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