Pourquoi Hollande fait la leçon au PC
par lejdd
Entre François Hollande et Pierre Laurent, le patron du parti communiste, c’est la guerre. En tout cas, les relations entre les deux hommes sont devenues glaciales depuis que le chef de l’Etat a déclaré soudain sur Canal Plus que Marine Le Pen parlait aujourd’hui comme « un tract communiste des années 70 ». Immédiatement, Pierre Laurent, fils de Paul Laurent qui fut l’un des bras droit de Georges Marchais dans les années 70, a exigé du président, sur-jouant l’indignation, des « excuses publiques ». En vain. Sans doute la formule de François Hollande était-elle pour le moins maladroite quand le chef de l’Etat invite ces temps-ci la gauche à se rassembler pour éviter une nouvelle Berezina aux élections régionales de décembre. La formule était aussi politiquement maladroite car elle officialise une réalité dérangeante : une partie des électeurs actuels du Front national -un électorat populaire qui se sent abandonné- est bel et bien issu de l’extrême-gauche. La formule était surtout maladroite parce que, non content de paraître passer par profits et pertes l’engagement social historique de tant de militants communistes, François Hollande fait une croix sur ce qui fait vibrer aujourd’hui encore une bonne partie des électeurs de gauche: la thématique de l‘union de la gauche. Celle qui a permis à François Mitterrand en 1981 d’accéder au pouvoir. Pour autant, François Hollande, qui connaît « sa » gauche, n’a pas parlé en l’air, même s’il regrette probablement d’avoir mal calibré sa formule: sur le terrain européen, sur le terrain économique et même sur le terrain de l’immigration, Georges Marchais et sa garde rapprochée –pas forcément le PC tout entier- ont bel et bien tenu dans les années 70 des propos qui font écho à une partie de la thématique du FN d’aujourd’hui. . Ainsi, à l’époque de Giscard président, une des thématiques testées place du Colonel Fabien, c’était bel et bien: il faut arrêter l’immigration. Il avait même été envisagé la diffusion d’un tract national sur ce thème. Un projet stoppé in extremis. Passons. Ce que le président a en tête La vraie question aujourd’hui, c’est donc: qu’est-ce qui a pris à François Hollande de se montrer vis-à-vis non pas des électeurs communistes mais de la direction communiste aussi cinglant ? Car il l‘a été, cinglant. La réponse, c’est que le chef de l’Etat commence à en avoir par-dessus la tête –passez-moi l’expression- de se faire dézinguer sans arrêt par l’équipe de Pierre Laurent qui semble oublier tout ce qu’elle doit aux socialistes. Contre François Hollande, c’est en effet de la part de la direction du PC un feu nourri permanent. Et le comble a été atteint, lors du dernier vote de censure, lorsque les communistes ont voté la censure en même temps que la droite et surtout en même temps que les deux députés frontistes Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard. François Hollande a donc « trahi » sur Canal Plus ses vrais sentiments. 1. Lui ne croit pas à la résurrection de l’union de la gauche à l’ancienne, formule datée, formule dépassée. 2. S’il respecte les électeurs communistes, il entend avertir Pierre Laurent qui parait tenté par une démarche à la Mélenchon: attention, on ne peut pas impunément jouer deux stratégies contradictoires en même temps. Etre à la fois dedans et dehors. 3. En 2017, quel cela plaise ou non au PC, la présidentielle –François Hollande en est, au fond de lui, convaincu- ne se jouera pas à gauche mais au centre-gauche. Voire au centre tout court. On verra.
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