Pompiers de Paris accusés de viol : «Je suis effondrée», confie la mère de Julie
par leparisien
Depuis dix ans, Corinne Leriche a mis de côté sa vie et son métier d’institutrice pour sa fille, Julie, qui dénonce avoir subi des actes sexuels de la part d’une vingtaine de pompiers de Paris entre ses 13 et 15 ans. Dix ans après le premier dépôt de plainte, la justice qui avait finalement requalifié les faits en 2019 en « atteinte sexuelle » et non plus en « viol sur mineur » sur trois des vingt pompiers dénoncés, vient de confirmer sa décision en appel. « Un drame et une injustice pour Julie, souffle désabusée Corinne. En qualifiant les faits d’atteinte sexuelle, ils considèrent que ma fille était consentante. Comment est-ce possible ? Et les dix-sept autres pompiers ? Ils n’ont jamais été mis en examen. C’est un déni de justice depuis le début ».Les faits remontent à 2008, lorsque Julie, jeune collégienne en 4e, fait un malaise en classe. Des pompiers sont appelés sur place et prennent en charge l’adolescente dans leur camion. Julie raconte alors que l’un des pompiers lui demande ses coordonnées et la recontacte quelques semaines plus tard. Vulnérable par son jeune âge, Julie l’est aussi par un lourd traitement médicamenteux qu’elle prend contre des crises d’angoisse. « Un jour, alors que ma mère s’était absentée, ce pompier m’a emmené chez lui, m’a posée sur le lit, s’est assis à califourchon sur moi et m’a violée. À partir de là, ma vie a basculé… », témoigne Julie. S’ensuivent alors d’autres actes sexuels, auxquels participent d’autres collègues du premier pompier.La descente aux enfers durera deux ans. Julie ne dit rien à ses parents mais son état se dégrade. Elle se scarifie, fait des tentatives de suicide, des crises de tétanie… En 2010, Julie se livre enfin à sa mère. Elle lui raconte tout. Le jour même, Corinne Leriche porte plainte contre au total vingt pompiers de Paris. Seuls trois seront mis en examen pour « viol en réunion sur mineur », les autres ayant toujours nié avoir eu connaissance de l’âge de Julie au moment des faits, expliquant aussi que la jeune fille était demandeuse et avait l’air tout à fait normale…Neuf ans plus tard, la justice maintient donc les faits présumés en « atteinte sexuelle » renvoyant ainsi les trois militaires devant un tribunal correctionnel. Le délit d’atteinte sexuelle étant un délit passible d’un maximum de dix ans de prison, soit moitié moins qu’une peine encourue aux assises pour « viol sur mineure », les trois prévenus échappent ainsi à une peine plus lourde. En changeant la qualification des faits, la justice considère aussi que Julie était consentante.Cette décision « ne fait pas honneur à la justice française dans sa conception de ce qu’est un viol et démontre une fois encore que nous avons un retard énorme dans l’écoute des victimes en la matière et de ce qu’est un consentement à un acte sexuel », a lancé jeudi matin, l’avocat de Julie, Me Jean Tamalet tout en annonçant se pourvoir en cassation.
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