Pologne. La présidente de la Cour suprême défie le gouvernement.
par Ça Zap - Zapping TV
Plusieurs magistrats soutiennent Magorzata Gersdorf qui conteste la réforme de la justice touchant l'institution. Ils dénoncent la mise d'office à la retraite de 27 d'entre eux. 5 000 personnes étaient déjà devant le siège de la Cour mardi soir. La présidente de la Cour suprême polonaise Malgorzata Gersdorf est arrivée mercredi matin à son bureau, confirmant son refus de partir à la retraite comme veulent le lui imposer les conservateurs au pouvoir à travers une réforme controversée, critiquée aussi par la Commission européenne. « Je ne m'engage pas en politique. Je le fais pour défendre l'État de droit et marquer la limite entre la Constitution et la violation de la Constitution » a dit Malgorzata Gersdorf aux manifestants rassemblés devant le siège de la Cour suprême. « J'espère que l'ordre légal reviendra en Pologne. » La réforme est très contestée Le conflit entre la majorité des juges de la Cour suprême - dont 27 risquent eux aussi d'être mis d'office à la retraite - et le pouvoir politique s'inscrit dans un différend plus vaste opposant Varsovie à la Commission européenne à propos de réformes judiciaires lancées au nom d'une plus grande efficacité de la justice. Ces réformes sont perçues par leurs adversaires comme allant à l'encontre du principe de séparation des pouvoirs, au profit du pouvoir politique. Également critique à leur égard, la Commission européenne a lancé lundi une procédure d'infraction d'urgence contre Varsovie. Celle-ci pourrait aboutir, après plusieurs étapes, à la saisie de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) et à des sanctions financières. Le cas Malgorzata Gersdorf À Varsovie, Malgorzata Gersdorf a été reçue mardi par le chef de l'État. Le président Andrzej Duda, sans lui remettre un document l'informant formellement de la fin de ses fonctions, le lui a signifié implicitement, annonçant qu'un juge de la Cour Suprême, Jozef Iwulski, allait assurer l'intérim à la tête de l'institution, en attendant l'élection de son successeur en titre. Un coup de théâtre s'est alors produit, Malgorzata Gersdorf annonçant qu'elle avait désigné le même juge, non comme son successeur mais comme son remplaçant « pendant son absence ». Elle a précisé par la suite qu'elle comptait prendre des vacances. Avec humour, elle a dit aux journalistes, après la rencontre avec Andrzej Duda, qu'elle avait trouvé un consensus avec lui sur un point, à savoir que Jozef Iwulski « est un bon juge ». Des experts interrogés par les médias polonais ont estimé que Malgorzata Gersdorf avait bien mené son jeu : la désignation d'un remplaçant est cohérente avec sa vision de la réforme, qu'elle refuse, la jugeant en partie inconstitutionnelle. Tandis que la démarche de Andrzej Duda a paru moins limpide : en effet, Jozef Iwulski est âgé de 66 ans, autrement dit il devrait être lui aussi mis d'office à la retraite et non désigné pour diriger la Cour suprême. Il a, certes, demandé au chef de l'État de poursuivre son travail, comme l'y autorise la loi, mais il l'a fait en se basant sur la Constitution et le principe d'inamovibilité des juges et non selon la procédure prévue par la réforme signée par le président. 5 000 manifestants dès mardi soir Des groupes d'opposition ont appelé les Varsoviens à venir à la Cour suprême mercredi matin pour soutenir les juges contestataires. Mardi soir déjà, entre quatre et cinq mille manifestants, selon les estimations des journalistes de l'AFP, se sont rassemblés devant le siège de la Cour suprême pour témoigner de leur soutien à sa présidente. Venue les remercier, Mme Gersdorf a été applaudie lorsqu'elle a réaffirmé qu'elle resterait à son poste « jusqu'en 2020 », conformément à son mandat de six ans inscrit dans la constitution. Le président du PiS, Jaroslaw Kaczynski, considéré comme le principal décideur du pays derrière le gouvernement et le parti conservateur, a estimé mardi dans une interview que le défi des juges allait s'achever « à long terme par leur défaite désastreuse ».
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