Police aux Frontières, à Menton : les images de la honte
par humanite-fr
Révélation. Une vidéo pirate dévoile les conditions d’enferment des exilés dans les locaux de la PAF à la frontière franco-italienne.Sur les images, des exilés sous le coup d’une procédure de non-admission sur le territoire français, dorment à même le sol dans un des deux containers exigus de la Police aux frontières mentonnaise. A l’extérieur, dans la cour fermée, surmontée d’un grillage, des hommes se remettent d’une aspersion de gaz lacrymogènes. L’Humanité s’est procuré des vidéos de l’intérieur des lieux, filmées les 25 octobre et 7 novembre derniers et confiées à des citoyens solidaires du collectif Kesha Nya.Ce témoignage est particulièrement précieux puisque personne n’a eu le droit d’entrer dans ces lieux de privation de liberté, depuis plusieurs mois. Plusieurs dizaines de personnes sont quotidiennement enfermées dans ces locaux en vue de leur refoulement vers l’Italie. Certaines y restent parfois plus de douze heures, en-dehors de tout cadre légal.Aux parlementaires essayant de faire valoir leur droit de visite, la PAF oppose systématiquement une note interne définissant l’endroit comme « un lieu de mise à l’abris ».« Depuis la venue du sénateur Pierre Laurent, en mai dernier, on constate un durcissement. Plus aucun élu n’a pu y pénétrer, précise Jean-Michel Cucinelli de la section mentonnaise du PCF qui, depuis plusieurs années, milite pour la création d’un Centre de premier accueil, à la frontière franco-italienne, où les personnes en quête d’asile pourraient accéder à leurs droits. « Les visites de parlementaires sont pourtant nécessaires pour répercuter au niveau national ce qui se passe ici. Surtout en ce qui concerne les mineurs isolés », reprend l’ancien conseiller municipal venu, le 15 novembre dernier, à la rencontre de la députée (FI) Danièle Obono qui souhaitait se rendre compte par elle-même des conditions dans lesquelles la PAF enferme quotidiennement des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants. Comme sa consœur communiste Elsa Faucillon, la veille, elle en a été empêchée par l’officier responsable des lieux ; le commandant Maurin.« C’est très difficile de saisir la justice concernant les violences subies par les exilés à l’intérieur de ses locaux, ajoute Agnès, responsable locale de la Coordination d’actions aux frontières intérieures (Cafi). Mais nous avons de nombreux témoignages. » Les « gazages » comme celui que viennent de subir les personnes enfermées lors de la réalisation de cette vidéo en font régulièrement partie.Un rassemblement est prévu le 4 décembre prochain, à proximité du poste frontière de Menton, pour exiger le respect des droits des étrangers.Emilien Urbach, journaliste à l'Humanité
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