Plat et pièces en or, recel… les derniers mystères du trésor de Lava au tribunal de Marseille
par La Provence
Deux Corses sont jugés ce lundi et ce mardi par le tribunal correctionnel de Marseille pour le "recel" d’un plat en or incurvé, découvert en 1985 dans les eaux du golfe de Lava, au nord d’Ajaccio. Près de quarante ans après sa découverte par des pêcheurs d’oursins ajacciens, en 1985, le trésor de Lava ressurgit des eaux insulaires et entre au prétoire à Marseille. Estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros, ce magot de l’Antiquité, composé majoritairement de pièces d’or frappées par des empereurs romains du IIIe siècle de notre ère, avait déclenché une véritable fièvre de l’or sur l’île. Dès ce matin, deux hommes, Félix Biancamaria, 67 ans, et Jean-Michel Richaud, 69 ans, sont jugés par le tribunal correctionnel de Marseille pour "recel et détention d’un bien culturel maritime présentant le caractère de trésor national". Déjà condamné en Corse en 1994 et 1995 aux côtés de sept autres prévenus, à des peines allant jusqu’à 18 mois de prison avec sursis et 200 000 francs (30 000 euros) d’amende pour "détournement d’épave maritime", Félix Biancamaria est aujourd’hui poursuivi à la suite de son interpellation, le 21 octobre 2010, à la gare TGV de Roissy. Ce jour-là, l’homme, qui rentrait de Bruxelles, avait été arrêté en possession d’un plat en or daté de l’empereur Gallien, dont le règne a duré de 260 à 268 après J.-C. D’après ses déclarations, il aurait récupéré ce plat auprès de Jean-Michel Richaud, qui s’inscrit en faux. À la recherche d’un acheteur, Félix Biancamaria a déclaré aux enquêteurs avoir remis le plat à Paul Canarelli, propriétaire du luxueux domaine hôtelier de Murtoli, en Corse-du-Sud, qui n’a pas été poursuivi et qui l’aurait lui-même confié à des collectionneurs belges. Ces derniers s’étant rétractés, Félix Biancamaria s’était alors déplacé en Belgique, afin de récupérer cette pièce maîtresse du trésor de Lava, avant d’être interpellé à son retour en France. A lire aussi : Corse : de la légende aux procès, le mystère du trésor de Lava estimé à plusieurs dizaines de millions d'euros Saisi par la police, le plat a été remis au Drassm, le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines. "C’est une pièce exceptionnelle, qui présente un intérêt considérable pour les chercheurs, les Corses et chacun d’entre nous", assure Me Bruno Lombard, qui représente le cabinet des médailles du Louvre, partie civile dans le dossier. Pour le juriste, la place de ce plat est définitivement "dans un musée. Les objets présentant un intérêt historique ou archéologique extraits du domaine public maritime appartiennent à l’État."
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