Pitié-Salpêtrière: Christophe Castaner parle-t-il trop vite ?
par Lopinionfr
Christophe Castaner doit-il démissionner ? Depuis 48 heures, le ministre de l’Intérieur fait le bonheur des oppositions, notamment à gauche, qui réclament à cor et à cri son départ pour « mensonge » et « manipulation ». A tel point qu’il a été obligé de s’expliquer ce vendredi, en déplacement dans le Var. « Attaque », c’est un mot que « je n’aurais pas dû employer » a-t-il reconnu à propos de la « tentative d’intrusion » à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de manifestants qui voulaient fuir les gaz lacrymogènes. Réclamer la démission du ministre de l’Intérieur, c’est un exercice familier des oppositions. Gérard Collomb en a fait les frais. Le problème, c’est que Christophe Castaner se prête particulièrement bien au jeu depuis sa nomination. Rappelez-vous, en novembre, il accusait les « séditieux d’ultra-droite » de perturber le mouvement des Gilets jaunes à l’appel de Marine le Pen. Des déclarations qui éclipsaient l’ultragauche et n’étaient pas pour apaiser. Marine le Pen avait répliqué en qualifiant le ministre de « menteur » et lancé une campagne réclamant sa démission. Autre exemple, en mars, après le saccage du Fouquet’s et les violences sur les Champs-Elysées, Christophe Castaner a attribué l’échec du maintien de l’ordre aux consignes mal appliquées sur l’utilisation du LBD, une version mise en cause ensuite par un rapport interne de la préfecture de police. Parfois, Christophe Castaner ne parle pas trop vite. Au contraire, il prend son temps. Pour communiquer les chiffres de mobilisation au début du mouvement des Gilets jaunes, par exemple. Le 1er décembre, il annonçait 75 000 manifestants, pour 136 000 dans toute la France. Le 24 novembre, idem : 106 000 disait-il un temps, alors que le chiffre réel était de 150 000. Pour autant, il est peu probable que Christophe Castaner démissionne pour un mot de travers. A l’étranger, la ministre de l’Intérieur britannique a dû démissionner en avril 2018 après un mensonge, mais c’était au Parlement et après un scandale plus vaste sur les quotas d’immigration. Les contre-vérités de Christophe Castaner n’en sont pas moins un problème, dans le climat de tensions actuel. Un problème aussi puisque le ministre de l’Intérieur est censé être l’homme le mieux informé de France. Gérard Collomb avait théorisé la porte de sortie : « Mieux vaut passer pour quelqu’un d’incompétent que pour un menteur ».
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