Pierre Giacometti: «De la radicalité au soulagement, la situation électorale de la France est aujourd’hui très éruptive»
par Lopinionfr
Comment qualifier la France sortie des urnes dimanche soir ? « Je disais, avant le premier tour, qu’on allait assister à l’élection présidentielle de la radicalité, rappelle Pierre Giacometti, co-fondateur du cabinet de conseil No Com. C’est l'expression la plus significative de ce qu’a donné le premier tour. Puis il y a un mot clé qui ressort de la soirée électorale du second tour, c’est le soulagement, pour beaucoup d’électeurs, qui ont eu le sentiment d’être passés à côté de quelque chose qui les aurait profondément inquiétés. Et cette complexité française entre radicalité d’un côté, soulagement de l’autre, donne une France électorale très éruptive, dont l’expression n’est peut-être pas encore terminée. »Trois millions de voix gagnées par Marine Le Pen en cinq ans, deux millions de perdues dans le même temps pour Emmanuel Macron. Comment envisager la suite ? « C’est toute la question du leadership de l’opposition, répond Pierre Giacometti. C’est la première fois que Marine Le Pen s'érige de manière aussi nette en leader de l’opposition frontale à Emmanuel Macron. Elle n’est pas seule, car Jean-Luc Mélenchon lui conteste aussi ce rôle. Mais le chemin parcouru est considérable. Jamais on a autant commenté le résultat des “anti”. C’est un élément significatif de cette France du ressentiment, de la dépression économique et sociale. »Dès le lendemain du premier tour, Jean-Luc Mélenchon a appelé ses électeurs à « l’élire Premier ministre » aux législatives. De son côté, Marine Le Pen est repartie dans la bataille en disant que 'sa défaite était une « victoire ». Emmanuel Macron est-il menacé par une cohabitation ? « La stratégie des deux battus est destinée à contenir la démobilisation électorale, explique Pierre Giacometti. Souvenons-nous qu’en 2017, la participation du premier tour de la présidentielle était à 78 %, et celle du premier tour des législatives à 43 %. Car à un moment donné, les électeurs qui ont perdu la présidentielle se sentent démobilisés par un scrutin qu’ils considèrent secondaire. La question est de savoir comment est-ce qu’on réduit cette tentation de se démobiliser, pour essayer de garder une partie de son capital électoral. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon savent bien qu’il faut garder l’espoir vif. Les législatives de 2022 arrivent tardivement après la présidentielle. On a quasiment deux mois. Il y a donc du temps pour battre campagne. »
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