«On a beau eu chauffer, c’est irrécupérable» : après l’épisode de gel, ces agriculteurs ont tout perdu
par leparisien
« Catastrophique », « dramatique » et pour certains « historique »: trois jours après l’épisode de gel qui a couvert une large partie de laFrance cette semaine, de nombreux viticulteurs ou arboriculteurs se réveillentavec la gueule de bois. Pour beaucoup d’entre eux, la récolte est « fichue ».« Cela casse comme du verre parce qu'il n'y a plus d'eau, ça s'estdesséché complétement, il n'y a plus de vie ». Dans ses parcelles deGraves près de Bordeaux, Dominique Guignard, viticulteur, effrite des feuillesde vignes entre ses doigts. Il ne peut que constater les dégâts de deux nuitsde gel successifs sur ses vignes. Dans la Drôme, Daniel Betton, arboriculteur quiexploite 55 hectares d'abricotiers à Mercurol-Veaunes, lui aussi, a presquetout perdu en quelques jours. « On a beau eu chauffer, chaufferettes ettout, ça n’a pas suffi avec des températures qui descendent jusqu’à -4, -5 degrés.On ne peut pas protéger. Une majeure partie des bourgeons est irrécupérable. La récolte est perdue pour cette année », souffle-t-il, le gorge nouée.Dans toutes les régions où le froid s’est subitement installé en début desemaine, le triste constat est le même : qu’ils soient viticulteurs,arboriculteurs, agriculteurs… Les dégâts sont immenses. Malgré des nuits blanches à allumer des bougies chauffantes ou des braseros autour de leurs parcelles pour protéger du gel leurs cultures, cela n’a pas suffi. Si pour l’heure, les dégâts sont encore difficiles à chiffrer, les premières remontées de terrain laissentcraindre le pire. « C'est une crise historique, parce que la dernière quel'on a connue et qui est dans les tablettes, c'est 1991, et on est allé plusbas jeudi en température », a déclaré André Bernard, vice président deschambres d'agriculture en charge du dossier gestion des risques. A 63 ans, il avouemême de pas avoir connu « d'épisode de gel aussi violent et aussi large ».« Moralement, c'est super dur, c'est très violent. J'ai l'impressiond'avoir mis un genou à terre, témoigne David Joulain, qui cultive sept hectaresd'amandiers à Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Sur tous lesprélèvements que j'ai faits, c'est mort, j'ai peur d'avoir perdu toute larécolte ». Le ministère de l'Agriculture Julien Denormandie a annoncé dèsjeudi qu'il allait lancer la mise en œuvre du régime des calamités agricoles,sans en préciser le montant de l’enveloppe. Car la crise que traversent les agriculteurs risque de s’aggraver. Les professionnels redoutent encore unenouvelle chute du thermomètre prévue en début de semaine prochaine. Il faudradonc encore plusieurs jours pour chiffrer les pertes.
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23 décembre 2024 - leparisien