Nadia Hai (ministre chargée de la Ville): «Il ne faut pas faire de raccourci entre insécurité et immigration»
par l'Opinion
Nadia Hai, ministre déléguée chargée de la Ville, est retournée la semaine dernière à Marseille, pour «la sixième ou septième fois». De quoi être considérée comme ministre de la ville de Marseille plutôt que de toutes les autres ? «Non, assure-t-elle, je suis ministre à la Ville donc de toutes les villes de France qui contiennent des quartiers prioritaires et il y en a à Marseille avec une concentration de difficultés qui nécessite une action déterminée et très forte de l’Etat.» Justement, Emmanuel Macron a promis la mise en place d’un plan d’action pour cette ville. Mais où en est-on ? «Ce sont avant tout des projets pour répondre à des enjeux déterminants, explique la ministre, notamment sur la question de la mobilité, de l’économie, de l’emploi ou de l’habitat. En ce moment, il y a des créations de structures qui vont piloter ces projets. Mais pour le moment aucun euro n’a encore été engagé.» N’est-ce pas trop long lorsque l’on sait qu’il conviendrait de réparer au plus vite des dizaines d’écoles, notamment ? «Fort heureusement, l’action de l’Etat a commencé il y a déjà plusieurs mois, explique Nadia Hai. Comme c’est le cas pour l’école Bouge.» Mais Marseille n’est pas la seule ville à présenter des problèmes qui demandent l’attention de l’Etat. «Le département de Seine-Saint-Denis cumule les difficultés, répond la ministre. Mais concernant Marseille, on ne peut pas s’étonner et s’émouvoir de l’actualité sur les trafics de drogue, les assassinats à répétition et en même temps détourner le regard. Nous avons pris la décision de traiter ces sujets à bras-le-corps et traiter ces problèmes de fond. Nous ne laisserons plus aucun répit aux trafiquants à Marseille.» Dans la plupart de ces quartiers, la question de l’insécurité croise, pour beaucoup, la question de l’immigration. Une mise en relation choquante ? «Il ne faut pas faire de raccourci, commente notre invitée. Il y a une concentration de l’immigration dans ces quartiers, oui, mais c’est une politique qui a été décidée ces 40 dernières années ! Il ne faut pas créer de lien de cause à effet.» Enfin, concernant la mise en place du chèque inflation et alors que certains chefs d’entreprise s’agacent de devoir s’occuper d’un volet administratif qui aurait dû revenir à l’Etat, la ministre déléguée à la Ville l’assure: «Il ne s’agit pas d’inefficacité de l’Etat, regardez la mise en place du prélèvement à la source ! Nous demandons aux entreprises d’être solidaires de la décision qui vient d’être prise (…) Il faut simplement laisser à l’Etat quelques semaines pour verser cette somme. Je ne pense pas qu’il y ait deux vitesses entre le public et le privé.»
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