Meurtre d’une femme à Nantes : des habitants du quartier organisent des rondes

par Presse Océan

Des habitants de Bellevue tournent désormais la nuit dans le quartier et en centre-ville, à Nantes. Ils dénoncent la violence, après le meurtre de Nadia Hassade, dimanche 16 octobre 2022.« On ne touche pas aux mamans ». Une vingtaine d’hommes se rassemblent ce mardi 18 octobre à la nuit tombée, place du marché, dans le quartier Bellevue. Ils ont la vingtaine, la trentaine. Ils se répartissent en groupes de trois à quatre et vont tourner toute la nuit dans le quartier. Tous connaissaient Nadia Hassade, assassinée dimanche 16 octobre, vers 6 h 30, alors qu’elle attendait son bus pour aller travailler.« Nous avons tous mangé ses plats. C’était ma deuxième maman, témoigne Waris (*), 21 ans. Bellevue, c’est une grande famille. Elle était la maman de tout le monde. Ses quatre garçons sont respectables et respectés ». ▶▶▶ LIRE AUSSI : Après le meurtre d'une mère de famille à Nantes, le terrifiant récit du suspect« J’ai posté un message sur SnapChat et tout est allé très vite » « Trop, c’est trop », lâche l’initiateur de ces rondes de nuit, qui tient à rester anonyme. Il s’est décidé « sur un coup de tête » : « J’ai posté un message sur SnapChat et c’est allé très vite. Dès la soirée du lundi 17 octobre, plusieurs dizaines de jeunes ont marché dans le quartier. Nous avons eu des messages soulignant les problèmes dans le centre-ville, alors nous avons marché jusqu’à Commerce. Nous avons discuté avec des commerçants, des agents de la Tan, des policiers. On nous a remerciés ». ▶▶▶ LIRE AUSSI : Enquête parallèle : « On peut comprendre la forte émotion mais on ne peut pas cautionner ces méthodes »« Nous ne sommes pas une milice, insistent-ils. Nous ne sommes pas armés, n’utilisons pas la violence. Nous sommes des citoyens. Nous proposons aux femmes d’être là pour les accompagner. » Les infos circulent via SnapChat et par téléphone : « Beaucoup de mamans travaillent comme aide-soignante, femme de ménage. Elles vont au boulot très tôt le matin, comme Nadia. Un agresseur va y réfléchir à deux fois si une femme est accompagnée. Nous sommes dans une démarche de prévention. Nous voulons que cette violence cesse, faire un bon ménage : que les agresseurs sachent que nous sommes là ». Que font les policiers, les élus ? « Ils font, mais ils ont 300 choses à gérer, répond le groupe. Nous sommes obligés d’aller de l’avant. Il y a trop d’insécurité, les gens en ont marre ». Du côté de la municipalité, on reste prudents.L’élu chargé de la sécurité, Pascal Bolo (PS), n’a pas souhaité réagir.« La situation est très douloureuse. Nous sommes prudents, par égard pour la famille », temporise Abbassia Hakem (PS). « Il faut comprendre pourquoi des habitants en arrivent là, souligne de son côté l’élu Foulques Chombart de Lauwe (LR). Ils se disent que personne ne fait quelque chose pour eux, alors ils décident de s’en charger eux-mêmes. Pourtant, en République, cela ne doit pas se passer comme ça ». ▶▶▶ CECI PEUT VOUS INTÉRESSER : Des rondes de nuit à Nantes : « Il faut que cela s’inscrive dans un cadre légal »Les habitants du quartier sont solidaires de l’initiative : « Des parents vont nous ouvrir une salle avec des repas, du café, pour nous réchauffer ». « Assise à la station de tram, place Mendès-France, Jade, 21 ans, confie que cela la « rassure » : « Dans la journée, ça va. Mais le soir, je ne me sens pas en sécurité. Je suis en collocation. On s’organise pour rentrer ensemble. Mais ce n’est pas toujours possible. C’est bien, ce qu’ils font. On verra si cela fait effet. Les policiers, je les vois en centre-ville. Ici, je ne les croise quasiment jamais ».« On espère que les autres quartiers vont aussi s’organiser », lance Waris. (*) Le prénom a été changé.

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