Marine Le Pen et Éric Zemmour restent prudents sur Boutcha et la responsabilité russe
par Huffington Post
Habituellement pétris de certitudes, les deux candidats d’extrême droite à l’élection présidentielle sont soudainement en proie au doute. Et pas sur n’importe quel sujet: le massacre de Boutcha. Ce mardi 5 avril, Marine Le Pen et Éric Zemmour ont été interrogés sur la macabre découverte faite par les troupes ukrainiennes dans cette banlieue de Kiev, lesquelles ont conduit Paris (et d’autres capitales européennes) à expulser de nombreux diplomates russes et réclamer de nouvelles sanctions. Pour autant, en dépit des preuves qui s’accumulent et du fait qu’il soit plutôt improbable qu’un pouvoir massacre ses propres civils durant une invasion militaire dont il est victime et dans une zone contrôlée par l’ennemi, les candidats RN et Reconquête! ne sont pas vraiment certains de la responsabilité des troupes de Vladimir Poutine dans ce qu’ils conviennent pourtant d’appeler un “crime de guerre”. Sur le plateau de France2, l’ancien journaliste a appelé à la retenue. “Méfions-nous des images”, a déclaré Éric Zemmour, avant d’ajouter: “Il faut être prudent. Il faut être sûr que ces massacres sont le fait des troupes russes. Si c’est le cas, c’est absolument infâme, ignoble”. Une prudence que le polémiste justifie par les précédents de Timisoara ou de la guerre en Irak, où il y a eu “beaucoup de manipulations d’images”. Même précaution du côté de Marine Le Pen. Sur France inter, la candidate RN a affirmé que ce sera aux Nations unies d’établir les responsabilités. “Ce n’est pas sur le plateau de France inter que l’on décide de ce qu’il s’est passé, et de qui est coupable”, a déclaré la députée du Pas-de-Calais. “Il faut que l’Onu enquête sur l’intégralité des faits qui ont été portés à notre connaissance par toute une série de vidéos”, a-t-elle poursuivi, n’excluant pas l’hypothèse qu’il puisse s’agir d’un crime de guerre commis par des Ukrainiens. Les images satellites qui accusent Alors que Moscou dénonce une “mise en scène” faite par Kiev, le New York Times a publié une série d’images satellites qui mettent à mal la défense du Kremlin. Des photographies sur lesquelles on voit clairement qu’au cœur de l’occupation russe de Boutcha à la mi-mars, des cadavres jonchaient déjà les rues de la bourgade. Et qu’ils se trouvaient à l’endroit même où les Ukrainiens les découvriront près de deux semaines plus tard, lorsqu’ils pénétreront dans la ville désertée par des troupes russes parties se réorganiser en vue d’une offensive dans le Donbass. Au milieu des rues jonchées de débris et de véhicules calcinés, la dizaine de cadavres sont déjà là, à l’exact endroit où ils seront filmés le 2 avril. D’après les sources gouvernementales ukrainiennes, mais aussi les nombreux témoignages collectés sur place par la presse et même des ONG comme Human Rights Watch, la responsabilité de l’envahisseur russe ne fait que peu de doute. Ce qui n’est manifestement pas assez pour Éric Zemmour et Marine Le Pen, qui ont plusieurs fois exprimé par le passé leur admiration pour Vladimir Poutine. “Qu’on le veuille ou non, l’Ukraine appartient à la sphère d’influence russe”, expliquait récemment Marine Le Pen au média polonais Rzeczpospolita, dans un alignement total avec les propos de Vladimir Poutine sur le sujet.
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