Manipulation du climat: le pari (risqué) de la géo-ingénierie
par l'Opinion
Décidément, rien ne semble freiner la hausse inexorable de la température terrestre. Malgré les alertes répétées de la communauté internationale depuis des décennies, le volume de CO2 atmosphérique mondial continue à monter et l’effet de serre s’emballe. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a publié ce lundi son premier rapport sur le climat en huit ans, qui a lancé un avertissement sévère sur la progression du réchauffement climatique et la responsabilité « sans équivoque » de l’homme. Les niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère sont déjà suffisamment élevés pour garantir un dérèglement climatique pendant des décennies, voire des siècles, préviennent les scientifiques du Giec. « Il faut comprendre qu’on est dans un bateau qui a une certaine inertie, il ne va pas pouvoir répondre immédiatement même si on prend des mesures immédiates », explique Gilles Ramstein, directeur de recherche au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE), qui a beaucoup étudié la modélisation du climat, des cycles biogéochimiques et de leurs interactions. « Même si on arrête aujourd’hui, la température continuerait à augmenter et ferait qu’on dépasse, à terme, nos objectifs », surenchérit Philippe Bousquet, le directeur du LSCE. En bref, l’impérieuse réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre ne suffit plus à corriger la dérive climatique. Et pour limiter les effets du dérèglement, beaucoup d’espoirs sont désormais placés dans la recherche en géo-ingénierie. Peu connue du grand public, cette dernière regroupe toutes les techniques de manipulation artificielles du climat. Le but commun de ces technologies est de ralentir, voire de stopper le réchauffement de la biosphère par le biais d’une manipulation à l’échelle globale du système Terre. Pour le meilleur… comme pour le pire. Afin de mieux comprendre la diversité des techniques recouvertes par la discipline, les processus physicochimiques à l’œuvre, leurs bénéfices supposés sur le climat et leur impact plus large sur l’environnement, nous avons interrogé Gilles Ramstein et Philippe Bousquet, du LSCE, sur les aspects purement scientifiques, ainsi que Sofia Kabbej, chercheuse au sein du Pôle Climat, énergie et sécurité de l’Institut des Relations internationales et Stratégiques (IRIS), qui étudie le phénomène d’un point de vue historique et géostratégique.
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23 décembre 2024 - leparisien