Luc Ferry: «Depuis la mort de Samuel Paty, rien n’a changé»
par l'Opinion
Luc Ferry publie Réflexions sur l’école pour renouer avec le bon sens. Un an après l’assassinat de Samuel Paty, les choses ont-elles changé ? «Non, affirme l’ancien ministre de l’Education nationale, ça ne peut pas changer en un an. Gérard Collomb disait que nous avons probablement en France plusieurs dizaines de milliers de jihadistes prêts à passer à l’acte. Et Gérard Collomb n’est pas d’extrême droite ! Ce danger est extrêmement difficile à juguler car nous avons à faire à des idéologies très puissantes.» Le philosophe ajoute : «Mais parler de séparatisme, c’est stupide. Leur projet est de dominer le monde, ça n’a rien à voir avec le séparatisme. Il s’agit de l’islamisme, du fanatisme religieux, pas d’autre chose. » En 2004, Luc Ferry a porté avec succès un texte pour interdire les signes religieux à l’école. Mais aujourd’hui, des études montrent que près de la moitié des jeunes s’oppose à cette loi. «Ils sont très “woke”, très cancel culture, analyse le philosophe. Le politiquement correct américain s’est infiltré chez nous. Ils se pensent éveillés, mais ils ne voient pas le danger. En 1968, c’était pire, ils étaient maoïstes !» Et selon lui, le président de la République est un « libéral multiculturaliste à l’américaine. Quand il a prononcé sa phrase sur le “privilège blanc”, ça montre qu’il est bien plus proche de ces jeunes que d’un vieux gaulliste comme moi. » Concernant la situation de la France, Luc Ferry explique : « Chaque époque a des défis, le monde va mille fois mieux que dans les années 1960, le nôtre est encore devant nous mais ce n’est pas perdu. Mais il faudrait à l’Elysée et à Matignon des gens lucides. Je n’ai pas une grande sympathie pour ceux qui ont quitté le navire gaulliste pour retrouver Bayrou et Macron. Ce n’est pas ma tasse de thé ! Si un gaulliste se présente, il aura ma voix. » L’ancien ministre estime aussi que « tous les ministres actuels sont impuissants ». Jean-Michel Blanquer compris ? « Evidemment, répond-il, ça fait cinq ans qu’il ne se passe à peu près rien ! Il y a extraordinairement peu de réforme. Mais moins vous en faites, plus vous restez sur le cheval ! » Sa solution ? « Un gouvernement d’union nationale en 2022. C’est ça ou le déclin. »
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