Les taux d'intérêt reculent encore, c'est grave docteur ?
par l'Opinion
Les taux d'intérêt sont extrêmement bas depuis des années, ils sont même la principale caractéristique du monde post-crise des subprimes. Les banques centrales ont massivement réduit le coût de l'argent depuis 10 ans pour éviter que l'économie ne tombe en dépression. Cela a fonctionné, mais les taux d'intérêt ne sont jamais remontés. Depuis le début de la semaine, ils ont même reculé d'un cran supplémentaire. C'est évidemment une bonne nouvelle pour tous ceux qui s'endettent. Un bon emprunteur immobilier à 15 ans obtient facilement un taux inférieur à 1%, c'était impensable au début de la précédente décennie. Le problème est du côté de la cause de cette rechute des taux. En fait, il y en a deux : la première est que les marchés vivent une intense phase de stress. Comme toujours dans ces cas là, les actifs risqués reculent, ce sont principalement les actions. Les investisseurs se tournent alors vers les actifs moins risqués : notamment les dettes publiques des grands pays. Le prix de ces dettes monte, les taux baissent, c'est purement mécanique. La deuxième cause, qui est liée à la première, ce sont les inquiétudes pour l'économie mondiale que fait naitre le coronavirus. La croissance était déjà plutôt faiblarde avant le développement de l'épidémie. Le virus a complétement enrayé le moteur chinois, il perturbe le commerce mondial, et menace des chaines d'approvisionnement. On redoute aujourd'hui des récessions dans certains pays d'Asie, en Italie et pourquoi pas ailleurs en Europe. Ce sont ces anticipations de panne économique qui nourrissent le recul des taux. Et là, on touche du doigt le maillon faible de notre monde : puisque les taux d'intérêt sont déjà proches de zéro, voire négatifs, avant même que l'économie ne soit à l'arrêt, ils pourront difficilement être un instrument efficace de relance de la croissance, comme ce fut le cas lors de précédents ralentissements.
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