Les présidents et le discours nucléaire : « La dissuasion, c'est moi ! »
par lepointabonnes
C'est une constante sous la Ve République. Durant son mandat, chaque président apporte sa touche aux outils et à la doctrine de la dissuasion nucléaire française. Elle pèse d'un poids extrêmement élevé dans le budget militaire, puisqu'elle absorbe en 2020 un budget de 4,7 milliards d'euros, contre 3,5 en 2015. Au fil des années, les évolutions de la posture nucléaire française restent stables. Après l'ère Mitterrand, marquée par la fin de la guerre froide, les premières grandes étapes ont été décidées par Jacques Chirac. Peu après son arrivée à l'Élysée, Jacques Chirac annonce, le 13 juin 1995, la reprise des essais nucléaires interrompus en 1993 par son prédécesseur. Une ultime série de six tirs plus tard, le président fait savoir, le 29 janvier 1996, qu'il a décidé « l'arrêt définitif des essais nucléaires français ». D'autres décisions plus discrètes, mais tout aussi significatives, sont encore prises par Jacques Chirac : tout d'abord, le « reciblage à la mer » des têtes nucléaires sous-marines. Leurs objectifs étaient auparavant déterminés à terre, avant le départ du submersible. Après de telles évolutions, la marge d'innovation offerte à Nicolas Sarkozy, qui occupe l'Élysée à partir de 2007, devient plus réduite. Lors de son « discours nucléaire » prononcé à Cherbourg le 21 mars 2008, il endosse la politique nucléaire de ses prédécesseurs. Autre nouveauté : il précise que, si l'adversaire portait atteinte aux intérêts vitaux de la France, « ce seraient alors en priorité les centres de pouvoir politique, économique et militaire qui seraient visés ». Il n'est donc plus question des « dommages inacceptables de toute nature » qui étaient auparavant annoncés. Que restera-t-il à François Hollande pour imprimer sa marque ? Peu de choses, sinon sa décision de ne pas supprimer la composante aérienne de la force de dissuasion. Il décide la réalisation d'une nouvelle version du missile M-51 des SNLE.
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