Les prémices d'un printemps bosnien
par euronews-fr
A Tuzla, en Bosnie-Herzégovine, les flammes de la colère ont noirci le bâtiment du gouvernement régional, mais aussi jeté dans les rues des centaines de manifestants. Comme dans les pays arabes, peut-on parler de “printemps bosnien” ? Depuis quelques semaines, dans cette ville comme dans d’autres du pays dont la capitale Sarajevo, des marches de protestation rassemblent familles de classe moyenne, étudiants de gauche et chômeurs. Tous dénoncent le manque d’emplois, les pots-de-vin et l’inertie politique. Quatre des dix gouvernements régionaux ont déjà été renversés. Le mouvement avait débuté de manière spectaculaire : début février, les sièges des adminstrations avaient été incendiés à Sarajevo, Zenica et Tuzla dans les pires violences que la Bosnie-Herzégovine ait connues depuis la fin de la guerre en 1995.Depuis, le calme est revenu, mais la contestation se poursuit. Elle prend ses racines dans des cas de corruption dénoncés par le jeune Aldin – aujourd’hui menacé, il a entamé des démarches de demande d’asile à l‘étranger – et de grandes difficultés sociales. A l‘échelle de ce pays d’un peu moins de quatre millions d’habitants, les chiffres du chômage différent selon les statistiques : entre 25 et 45% de la population active n’aurait pas de contrat de travail. C’est dire à quel point l‘économie souterraine domine les relations sociales et politiques. De nombreux manifestants critiquent aussi l’“Accord de paix de Dayton” qui a abouti à un partage du pouvoir en stoppant les affrontements entre Serbes orthodoxes, Croates catholiques et Bosniaques musulmans. Selon eux, cette structure complexe ne permet pas la transition économique dont le pays a besoin.Enfin, qu’en est-il de la perspective européenne ? L‘échec de la réforme de sa constitution entrave le chemin de la Bosnie vers l’Europe. Les responsables politiques locaux refusent de remplir les conditions fixées par l’Union. Mais du côté des instances européennes, on assure que l’offre d’une éventuelle adhésion reste sur la table.Le reporter d’euronews Hans von der Brelie a interviewé Valentin Inzko, le Haut Représentant des Nations Unies pour la Bosnie-Herzégovine. Retrouvez son interview en intégralité (en allemand) en cliquant sur le lien suivant.Interview en anglais de Peter Sørensen, chef de la Délégation de l’Union européenne à Sarajevo et Représentant spécial de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine.A Sarajevo, euronews s’est entretenu avec l’un des analystes politiques les plus réputés en Bosnie-Herzégovine, Srecko Latal, du think tank “Social Overview Service SOS”. Accédez son interview complète en anglais en cliquant sur ce lien.Emir Dikic préside le conseil d’administration de la branche bosniaque de l’ONG anti-corruption Transparency International. Nous l’avons rencontré à Sarajevo (entretien en anglais).
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