Les jeunes face à la pandémie : » Pour eux, le temps ne se rattrapera pas », selon Gérard Miller
par franceinfo
Le psychanalyste signe avec sa fille Coralie le documentaire « Les enfants du siècle, ils ne seront plus jamais les mêmes » sur France 2Ils ont entre 18 et 25 ans. Ce sont « les enfants du siècle » comme les surnomme le psychanalyste Gérard Miller. Comme leurs aînés, ils avaient la vie devant eux, tout leur semblait possible. Mais la pandémie est arrivée et les a plongés dans l’incertitude et l’angoisse. Finis les interactions sociales, les cours en présentiel, les sorties, les fêtes, les voyages. Leurs précieux témoignages sont dans le documentaire que diffusera France 2 mercredi à 23h05 « Les enfants du siècle, ils ne seront plus jamais les mêmes ». Gérard Miller et sa fille Coralie ont rencontré Agathe, Hélène, Sébastien, Martin, Titouan, Bérénice, des jeunes adultes que la société a quelque peu oubliés depuis l’arrivée du Covid, préférant se concentrer sur la santé des personnes âgées ou le bien-être des enfants. On les a même accusés d’être responsables de la transmission du virus lorsqu’à la rentrée 2020, ils ont eu besoin de se retrouver pour danser, boire, rire, vivre tout simplement. « Il faut d’abord rappeler à quel point ils ont été dociles, ils ont suivi à la lettre les consignes. De temps en temps, il y a eu quelques fêtes mais ça se compte sur les doigts de la main », estime Gérard Miller. Le confinement puis les couvre-feux ont poussé certains (très) jeunes couples à s’installer ensemble, afin d’éviter d’être séparés. Résultat : ils ont vécu une vie de « vieux » : » C’est la 1ere fois dans l’histoire de l’Humanité que des jeunes de 20 ans sont amenés à vivre comme des gens de 70 ou 80 ans. Or la jeunesse est un moment où il faut se créer des souvenirs et des souvenirs d’insouciance. Ce qui se rate à 20 ans ne se retrouve pas à 30 ou 40. Le temps ne se rattrapera pas, c’est certain ».L’enfermement laissera aussi des traces, selon le psychanalyste, qui constate une forte augmentation de cas de déprime chez ses jeunes patients. Sans oublier la précarité dans laquelle le Covid a plongé certains : » Plus de 50% des 18-25 ans estiment être déprimés voire désespérés, aujourd’hui encore. 75% des étudiants ont eu besoin d’aide alimentaire. Evidemment, tout ça va les marquer ». Ce qui frappe pourtant dans ce film, c’est l’absence de colère des jeunes interviewés : » Ils n’en veulent pas au gouvernement, ils n’en veulent même pas aux adultes. Ils ont protégé leurs parents et grands-parents, ont le sentiment qu’on a été injustes avec eux, mais c’est vrai que ça ne se traduit pas actuellement par un sentiment de révolte profonde ».
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