Les immigrés deviennent indésirables en Suède
par euronews-fr
Rinkeby, un quartier d’immigration dans la banlieue nord de Stockholm. La Suède se veut un modèle d’intégration des immigrants. Mais en 2010, l’extrême-droite a fait son entrée au parlement et les agressions racistes ont commencé à se multiplier. Rinkeby compte un peu plus de 15.000 habitants. 90 % sont d’origine étrangère, essentiellement d’Afrique et du Moyen-Orient. Muria est venu du Kenya il y a six ans. Il raconte comment un ami et lui ont été agressés par un groupe de jeunes : “Un jour, j‘étais avec cet ami, et des gens sont venus et ont dit : que faites-vous là ? Du genre, ce n’est pas votre pays, que faites-vous ici ? Mon ami allait juste s’acheter un hamburger, et il a répondu. Et une fille l’a frappé. C‘était vraiment pour provoquer. Et après, ils étaient à sept sur lui, ils l’ont tabassé (...) Ils détestent les musulmans. Pas tous les étrangers, les musulmans. Mais si tous les étrangers arrêtaient de travailler deux ou trois jours, ils réaliseraient ce qui se passe dans le pays.”Désormais, dans ce pays que l’on croyait être un paradis social, il arrive que des émeutes éclatent comme à Malmö l’an passé. La montée du chômage n’y serait pas étrangère. Il est de 8 % au niveau national mais deux fois plus élevé dans les quartiers d’immigration. “Nous avons des problèmes que nous n’avions pas auparavant explique Edda Manga, professeure d’histoire. Beaucoup de gens n’ont pas de couverture sociale, il y a des sans-abris. Et les ultranationalistes et les populistes ont une lecture qui consiste à dire que cela résulte de l’immigration. C’est une idée simpliste, mais beaucoup de gens prennent cette explication pour argent comptant, notamment parce qu’alors la solution est très simple. Débarrassez-vous des immigrés et tout redeviendra comme avant.”Ibrahim a 31 ans. Il vit à Göteborg et est comédien. Ses parents viennent de Gambie mais il est né et a grandi en Suède. Pour autant, sa couleur de peau fera toujours de lui un étranger : “Je parle comme un Suédois mais je n’ai pas l’air d’un Suédois. C’est le problème. Je dois travailler dix fois plus que les autres parce que je suis noir. Mes rôles sont toujours des rôles de types dangereux comme des dealers, des voleurs. Je voudrais jouer un officier de police.”Le parti des Démocrates suédois, résolument anti-immigration est crédité de 10% des intentions de vote aux Européennes. La Suède n’en reste pas moins l’un des premiers pays d’accueil des réfugiés en Europe.
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